lors que les vinifications arrivent sans difficultés à leur terme, la qualité de la récolte fait consensus dans le vignoble bordelais. Du moins sur une palette de nuances qualifiant le millésime de "bon" à "excellent", en passant par "grand", mais en évitant le galvaudé "du siècle". Dans les cuviers, ce sont les quantités qui déçoivent, avec des rendements inférieurs aux attentes et pronostics (ce qu'envisageait déjà l’interprofession girondine à la rentrée). « Les volumes ne sont pas aussi pléthoriques que l’on aurait pu le penser. La sécheresse, qui a joué pour la qualité, n’a pas permis une récolte à plein » témoigne le viticulteur Bernard Solans, président de la Fédération des Caves Vinicoles d’Aquitaine, lors de sa réunion mensuelle d’informations. Particulièrement marqué pour les blancs, le déficit est cependant plus hétérogène en rouge. « Là où l’on trouvait des cèpes, il y avait du rendement » plaisante-t-on dans l’Entre-deux-Mers.
« A Bordeaux, le compte n’y est pas » confirme l’oenologue Pascal Hénot, le directeur du laboratoire oenologique de Coutras (Enosens). Pour lui, les dernières estimations de l’Agreste sont bien trop optimistes, à 5,77 millions d’hectolitres : « on serait plus à 5,2 ou 5,3 millions hl. Il y a du manque, personne n’a fait le rendement ! » Tout fraîchement créée, la cave de Sauternes Vigneron met cependant un bémol, annonçant des volumes très satisfaisants : à 20 hl/ha. « Alors que l’an dernier, la moyenne sur l’appellation était de 14 hl/ha » rapporte Eric Pothier, son président. Hors Gironde, les caves coopératives de la région ont d'ailleurs connu des millésimes sensiblement différents, que ce soit en conditions de récolte (bouleversées dans le Pays Basque par la grêle) ou en rendements rentrés (2015 aura été généreux pour les caves de Monbazillac et de Tursan).
En attendant les dernières estimations de production (notamment pour les rosés, qui avaient connu une récolte record en 2014), la coopération girondine se dit confiante dans les orientations de prix du marché. Sur le premier trimestre de la campagne 2015-2016, les cours restent fermes (1 220 €/tonneau le Bordeaux rouge selon les contrats vrac du CIVB), même s’il ne s’agit encore que de faibles volumes échangés (malgré une avance toute relative sur la précédente campagne, très faible au démarrage). Côté le mois dernier, le tonneau de Bordeaux blanc 2015 s’est échangé en moyenne à 1 160 euros (contre 1 146 €/tonneau de 2014 l’an dernier).
[Photo : Réunion mensuelle de la FCVA, ce 2 novembre à Bordeaux]