En Champagne, couper à la fraîche n’apporte rien, contrairement au Sud, ce serait jouer du pipeau marketing que d’affirmer le contraire ! » pose d’emblée Anne Gremillet, la responsable commerciale des champagnes Gremillet (Balnot-sur-Laignes). Se préparant à vendanger son millésimé cette nuit (à partir de 21 heures), la maison ne joue donc pas l’embrouille technique et assume l’origine de sa démarche, purement récréative. Réalisée en moins de deux heures, ces vendanges sont donc festives, avec lampes frontales, projecteurs et dégustations à la clé. Le sérieux de la récolte nocturne est assuré par un constat d’huissier de justice. Si les vinifications sont ensuite classiques, le tirage et la prise de mousse se font dans des bouteilles noires. Ce vin n’aura donc que très peu vu la lumière jusqu’à ce qu’il soit débouché par le consommateur. Ces flacons teintés ont cependant un défaut « lorsque l’on verse, on ne sait pas quel est le niveau de la bouteille jusqu’à ce que l’on soit arrivé à la derniére goutte ! » s’amuse Anne Gremillet.
Née d’une nuit blanche et de bouteilles noires, cette cuvée de niche a été produite à 1 000 cols pour son premier millésime (en 2009). Elle est passée à 2 000 cols en 2010 (qui commence à être commercialisé), 5 000 bouteilles sont prévues pour le millésime 2015 (qui s’annonce prometteur). Si la cible de cette cuvée était initialement le monde de la nuit, elle s'est finalement repliée sur une approche de complément de gamme, avec un millésimé original. Initialement très présente à l’export, la maison Gremillet développe aujourd'hui le marché domestique en ce sens. Propriétaire de 40 hectares de vigne, elle produit annuellement 500 000 cols de champagnes. 60 % de ses ventes sont réalisées à l'export.
[Photos : Elevage de la cuvée de nuit et aperçu des précédentes vendanges nocturnes ; Champagne Gremillet]