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Anticiper le changement climatique : l'Inra présente un modèle pour savoir où planter
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Anticiper le changement climatique : l'Inra présente un modèle pour savoir où planter

Par Marion Bazireau La Vigne - Vitisphère Le 06 mai 2015
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Anticiper le changement climatique : l'Inra présente un modèle pour savoir où planter
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ors de la 7ème Journée des Sciences de la Vigne et du Vin le 30 avril, Philippe Abbal, chercheur à l’INRA de Pech Rouge, a présenté un modèle qui évalue l’aptitude d’une région à produire du raisin de qualité dans le futur en intégrant le changement climatique. « Il nous indique où planter dans 30 ans, explique Alain Carbonneau, ex-professeur à MontpellierSupAgro. Partant de ces prédictions, certains peuvent d’ores et déjà acheter des parcelles suspectées d’être qualitatives dans le futur. Une entreprise catalane l’a déjà fait !».

Le modèle tient compte de trois indices climatiques viticoles : l’indice de sécheresse, l’indice de Huglin et l’indice de fraîcheur des nuits. Il s’applique à des situations très concrètes.

Lors de sa conférence, Philippe Abbal a pris pour exemple Montpellier et Palerme en Sicile. Il a expliqué que dans 30 ans, le climat de Montpellier sera similaire au climat actuel de Palerme. Aujourd’hui les indices climatiques moyens de Montpellier sont de -50 mm pour l’indice de sécheresse, 2336 pour indice de Huglin, et 15,2°C pour la fraîcheur des nuits. Dans 30 ans, ils pourraient respectivement passer à -139 mm, 2528 et 19,3°C, c’est-à-dire ceux de Palerme aujourd’hui.

Philippe Abbal a appliqué ces valeurs à une syrah non-irriguée, greffée sur du 140R, conduite en lyre sur un sol limoneux et peu argileux à pH 6,8, riche en nutriments et possédant une bonne profondeur utile.

Dans les conditions actuelles, le modèle calcule un potentiel qualitatif (1) de 0,89 (note sur 1) pour cette syrah soumise aux indices climatiques de Montpellier, alors que ce potentiel n’est que de 0,11 pour la même plantation à Palerme. Avec le réchauffement climatique, la parcelle montpelliéraine subira donc un très fort recul de son potentiel qualitatif.

Si on irrigue cette syrah, son potentiel passe de 0,89 à 0,98 à Montpellier et de 0,11 à 0,89 à Palerme. L’irrigation apparaît donc comme un moyen d’améliorer immédiatement la qualité à Montpellier et de remédier au réchauffement futur.

Dès aujourd’hui, le potentiel qualitatif palermitain atteint même 0,98 lorsque l’on plante cette syrah dans une zone où l’indice de fraîcheur des nuits est tempéré (entre 14 et 18°C) et qu’on l’irrigue et qu’on la vendange tardivement. D’après ce modèle, si on veut obtenir des syrahs de grande qualité à Montpellier dans 30 ans, il faudra les planter dans des zones où les nuits sont tempérées, et l’irrigation sera incontournable.

Le modèle de l’Inra sera disponible fin 2015. Selon Alain Carbonneau, il nécessite encore quelques ajustements mais sera bientôt applicable à tous les vignobles.

 

 

(1) Le potentiel qualitatif a été défini par des experts de l'OIV comme la capacité du vignoble à produire une quantité satisfaisante de raisin qualitatifs. Il est défini à partir de plusieurs variables regroupées au sein de 5 grandes catégories : zone géographique (latitude, altitude, indices climatiques...), des propriétés physiques et chimiques du sol, du système de culture et du matériel végétal. 

63 years of climate change by NASA.gif
"63 years of climate change by NASA" by NASA - http://svs.gsfc.nasa.gov/vis/a000000/a004100/a004135/ http://www.youtube.com/watch?v=gaJJtS_WDmI. Licensed under Public Domain via Wikimedia Commons.

[Photo : jeune plantier ; crédit photo : Benoît Prieur]

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Tous les commentaires (5)
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craoux Le 18 mai 2015 à 14:19:04
Merci à Rédaction Vitisphère pour le relais du commentaire de Mr Abbal. Je suis quand même intrigué par l'explication suivante : " .. Il pourra aider le vigneron pour optimiser les choix du cépage, du mode de conduite et du type d'irrigation." En effet, dans un contexte AOP (respect du cahier des charges : encépagement et ratio entre cépages/cépages couleurs, mode de conduite imposé, règles d'irrigation), je n'arrive pas vraiment à saisir le "plus" qu'apporte ce modèle puisque le producteur doit gérer son potentiel en accord avec ce que lui impose le CDC au sein de l'exploitation. A priori, si ce modèle INRA doit être opérationnel, il serait plus certainement en phase avec le degré de liberté qu'autorise le potentiel dédié aux IGP (les cahiers de charges ne sont pas des plus contraignants en matière de cépages et de conduite) ou au Vin de France.
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R?daction vitisphere Le 18 mai 2015 à 11:40:17
Voici la réponse de Mr. Abbal à Philippe : Il s'agit de travaux récents dont les modes de valorisation et de diffusion sont en cours de discussion à l'INRA. Il faudra encore patienter...
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R?daction vitisphere Le 18 mai 2015 à 11:38:42
Voici la réponse de Philippe Abbal à Craoux : Le modèle sera utile dans l'implantation d'un nouveau vignoble au niveau du choix d'une zone géographique adaptée: indice de sécheresse, granulométrie du sol (réserves en eau, profondeur utile) et indice de fraîcheur des nuits en particulier. Il pourra aider le vigneron pour optimiser les choix du cépage, du mode de conduite et du type d'irrigation. Planter un vignoble en tenant compte des indices climatiques permet d'anticiper les changements du climat à plus long terme: certains vignobles français possèdent des vignes centenaires (Chateauneuf du Pâpe).
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craoux Le 11 mai 2015 à 08:51:39
La durée d'amortissement d'une vigne tourne autour de 25 ans. Ce qui laisse le temps d'observer et d'adapter son vignoble. Hormis en matière de spéculation foncière (ce qui est évoqué dans l'article), en quoi cette modélisation des indices climatiques à 30 ans apporte-t-elle un vrai plus ?
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Philippe Le 10 mai 2015 à 19:01:10
Comment peut-on accéder au modèle pour identifier des zones propices comme l'a déjà fait l'entreprise catalane? Avec mes remerciements.
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