eçus le 29 avril au ministère de l'Agriculture pour faire le point sur l'assurance récolte, les porte-paroles de la filière sont ressortis confiants, mais sans réponses concrètes au sujet de la subvention de l'année précédente. « Selon les mots du ministère, le sujet est en train de se dénouer, » se félicite Stéphane Héraud, le président de l'Association Générale de la Production Viticole (AGPV). « Il n'y a pas eu de promesse formelle » nuance-t-il, tout en restant optimiste : « on sent qu'il y a une mobilisation pour trouver d'autres pistes de financement, compléter l'enveloppe et s'approcher le plus possible des 65 % ». Les représentants de la filière sont montés au créneau car les subventions aux assurances récoltes, qui devaient être versées à un taux de 65 % avant fin avril, ne l'ont toujours pas été. Le temps a passé, le retard s'est transformé en impatience puis en inquiétude : l'enveloppe d'aides européennes n'est plus suffisante* et les indemnités ne pourraient dépasser un taux de 55 %, une situation inacceptable pour les représentants viticoles, massivement mobilisés pour que le vignoble s'assure.
L'administration devrait annoncer dans les dix jours les modalités de remboursement pour 2014 (taux et dates de versement). Si le ministère n'a pas souhaité commenter, les aides devraient être versées en une seule fois (la date limite étant fixée au 31 juin par la réglementation européenne). Pour que l'histoire ne se répète pas à l'identique l'année prochaine, la filière demande également une analyse plus rapide des équilibres entre la demande effective en subvention et l'enveloppe dédiée. « Les surfaces sont connues en mai avec les dossiers PAC et les capitaux assurés le sont en septembre avec les déclarations DDTM. Il faut que l'on sache dès octobre si le taux peut être tenu. Et ne plus attendre avril, après la date de paiement... » soupire Stéphane Héraud.
A terme, l'abondement de l'enveloppe sera d'autant plus crucial que la mise en place du contrat socle coup dur est toujours prévue pour la campagne 2016, ce qui devrait marquer un nouveau développement de l'assurance du vignoble français. La filière propose actuellement que le contrat socle prenne la forme d'un capital assuré à l'hectare (l'indice du coût hectare étant bel et bien abandonné). Ce montant serait plafonné « par segments de marché (VSIG, IGP, AOC régionales et de zone) et lié aux rendements et aux cotations sur transactions » explique Jérôme Despey, le président du Conseil Spécialisé Vin de FranceAgriMer. Il estime que « les professionnels sont prêts pour que ce produit puisse exister. Son lancement dépend de la partie subventionnée par l'Etat et des propositions des assureurs. »
* : la hausse des surfaces viticoles assurées et l'augmentation des prix des assurances sont les deux facteurs qui sont à l'origine du fait que l'enveloppe soit insuffisante pour couvrir les demandes.
[Photo : Buster Keaton dans le film Safety Last! de Fred Newmeyer et Sam Taylor (1923)]