Nous ne pensons pas que le consommateur soit prêt à payer plus parce qu'un vin est un peu plus propre » tranche David Bidegaray, responsable marketing des Vignerons de Buzet. Proposant depuis deux millésimes un vin rouge sans sulfites ajoutés (cuvée "Sans"), la cave coopérative le commercialise pour un Prix de Vente Consommateur de 6 euros/col : l'équivalent tarifaire du reste de son cœur de gamme. Un prix désormais partagé par le nouveau sans-SO2* de Buzet : un rosé 2014 de merlot.
Tout juste mise en bouteilles, cette cuvée est la cible d'une attention commerciale toute particulière. « Le rosé est un produit sensible, pour lever les craintes de nos clients il faut expliquer le produit et notre démarche de réduction des intrants » rapporte David Bidegaray, pour qui « le seul débat porte sur la couleur. Comme il y a moins de sulfites, ce rosé est moins clair que notre produit traditionnel. » Effectivement plus foncé, ce produit doit encore répondre de sa capacité de conservation. Un enjeu qui n'inquiète pas outre mesure la cave, qui a l'habitude de commercialiser sur l'année son dernier millésime (sans avoir de stock reporté) et a misé sur bouchon très imperméable à l'oxygène (tiré de la gamme synthétique Nomacorc).
A l'heure actuelle, l'expérience des deux millésimes de rouge s'est principalement porté sur le réseau des Cafés, Hôtels et Restaurant, mais a également réalisé des percées dans la Grande Distribution (gamme l'Intact pour l'enseigne Monoprix) et même à l'export (Chine, Etats-Unis et Pologne). La prochaine étape de développement de ce produit sera logiquement un blanc sans SO2. Du moins « quand nous serons techniquement prêts, peut-être le prochain millésime, peut-être plus tard... » élude David Bidegaray, qui précise que le schéma viti-vinicole différe finalement peu entre les vins traditionnels et les sans sulfites : « l'essentiel se joue sur la maîtrise des taux d'oxygène dissous (avec les capteurs Nomasense) ».
Pour 2015, ce sont 25 000 cols de rosés sans-sulfites et 50 000 cols de rouges sans sulfites qui seront mis en marché. De petits volumes en comparaison des volumes de la cave coopérative de Buzet.
* : fin de fermentation, le taux mesuré ne dépasse par 3 mg/L, bien en deça des 10 mg/L à partir desquels la mention allergène/européenne « ce vin contient des sulfites » devient obligatoire.
[Photo : une bouteille rosée de "Sans" dans les vignes de Buzet ; Vignerons de Buzet]