usqu'à présent vÅ“ux pieux en Gironde, les contrats interprofessionnels pluriannuels sont désormais une réalité. Ou du moins une possibilité. Cet outil « ne s'impose à personne, il est à la disposition de tous » précisait Bernard Farges, le président du Conseil Interprofessionnel des Vins de Bordeaux, lors de l'assemblée générale ayant adopté à l'unanimité la formalisation du projet. « Sur la table depuis longtemps », ce mécanisme a pu avancer grâce aux « nouvelles relations entre la production et le négoce ont permis de la rendre envisageable », ainsi qu'aux nouveaux équilibres des marchés. Conséquence de la loi de modernisation de l'agriculture (été 2010), le système bordelais de contractualisation pluriannuelle est « d'une durée de trois ans » rapporte Jean-Philippe Code (directeur du service économie du CIVB). « Ce contrat a un principe : la simplicité. Aucun document nouveau n'a été créé, les éléments pluriannuels sont intégrés dans les contrats interprofessionnels existants, quelque soit le modèle : vrac, vendanges fraîches... »
En pratique, un encadré sera ajouté au bordereau des contrats actuels. La première année sert à définir le cadre du contrat, et notamment les possibilités de modulation des volumes et des prix, « qui sont fixés par les signataires » précise Jean-Philippe Code. Pouvant aller de 0 à 50 % pour les volumes (les aléas climatiques sont également pris en compte), la variation est fixée pour les prix sur le cours d'un indice (soit le prix vrac moyen, tous millésimes confondus, dans une AOC donnée). Tant que le cours de référence reste dans un tunnel de prix donné, il n'y a pas de révision, mais s'il en dehors de la fourchette, la renégociation devient obligatoire. Ce système satisfait globalement les familles de la production et du négoce. Laurent Gapenne (président de la Fédération des Grands Vins de Bordeaux) juge que cet outil donnera « une visibilité de trois aux exploitations pour leur permettre d'investir », voire permettra de « stabiliser les cours ». Allan Sichel (président de la Fédération des Négociants) salue quant à lui « le réalisme de l'avenant, qui incorpore suffisamment de souplesse et annonce une volonté de partenariat ». L'enjeu de ces contrats est désormais leur adoption du contrat (le seul contrat pluriannuel existant précédemment à Bordeaux était privé). L'édition et la mise à disposition des formulaires au tout début 2014.
Il est à noter que l'Assemblée Générale a également adopté la proposition de Suivi Aval Qualité Concurrent (SAQ-C), qui contrôle toujours les vins vendus en France et (surtout) à l'étranger, « pour connaître les évolutions des marchés, et évolue vers un observatoire de la concurrence » explique Muriel Barthe (directrice technique CIVB), avec des prélèvements désormais simultanés de vins « concurrents » : issus d'autres appellations françaises ou de pays étrangers.
[Photos : Jean-Philippe Code ce 16 décembre et détail du nouveau contrat CIVB]