menu burger
Lire la vigne en epaper Magazine
Accueil / Politique / Le plan de crise a sécurisé le Sitevi, mais pas l’avenir du vignoble pour la Coordination Rurale : la ministre "n’a pas éteint l’incendie, elle a étouffé un feu"
Le plan de crise a sécurisé le Sitevi, mais pas l’avenir du vignoble pour la Coordination Rurale : la ministre "n’a pas éteint l’incendie, elle a étouffé un feu"
Lire plus tard
Partage tweeter facebook linkedin

Grogne vigneronne
Le plan de crise a sécurisé le Sitevi, mais pas l’avenir du vignoble pour la Coordination Rurale : la ministre "n’a pas éteint l’incendie, elle a étouffé un feu"

Pour sortir la filière vin de la crise, "ce n’est pas faire insulte à la ministre que de lui dire qu’elle n’a pas de pouvoir" estime Pascal Marié, le trésorier de la Coordination Rurale de l’Hérault (CR34), pointant que "pouvons la remercier pour son attitude courtoise et son écoute, on a compris la sincérité de sa démarche, mais on a aussi compris qu’elle ne peut rien pour nous."
Par Alexandre Abellan Le 27 novembre 2025
article payant Article réservé aux abonnés Je m'abonne
Lire plus tard
Partage tweeter facebook linkedin
Le plan de crise a sécurisé le Sitevi, mais pas l’avenir du vignoble pour la Coordination Rurale : la ministre
« Les viticulteurs ne sont plus en colère, ils sont désespérés » alerte le vigneron Pascal Marié. - crédit photo : Alexandre Abellan
C

omment accueillez-vous le plan de crise viticole annoncé par la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, en ouverture du salon Sitevi ?

Pascal Marié : Pour nous, elle a répondu concrètement à un seul point : que le Sitevi se passe sans anicroche.

 

Pour vous, la ministre n’a acheté qu’une paix sociale temporaire avec ses annonces ?

Elle n’a pas éteint l’incendie, elle a étouffé un feu. Le drame de notre société, c’est que l’on a affaire à des politiques qui n’ont pas la main. On peut lui faire crédit de sa bonne volonté, comme lorsque l’on échange avec les préfets : on a à chaque fois une écoute bienveillante… Il n’y a pas de débat. Le problème, c’est que derrière ce n’est jamais suivi d’effets parce qu’un ministre n’a pas les mains libres et n’a aucun pouvoir. Dans notre pays, le seul qui ait le pouvoir est le président de la République. Il a décidé, comme ses prédécesseurs depuis 40 ans, de nous mettre dans la main des institutions européennes. Chaque fois qu’un État Membre demande une mesure de soutien, il doit aller comme un petit enfant demander l’autorisation à la Commission Européenne.

 

La ministre annonce 130 millions € pour l’arrachage sur des fonds nationaux.

On comprend déjà qu’il y en aurait 70 millions €, puis 60 ensuite. Mais quand on a très soif, il faut un verre d’eau de suite, pas dans deux ans. La trésorerie est capitale pour les exploitations : sinon on ne peut pas se financer, régler ses fournisseurs, son irrigation… Ces 130 millions € sont soumis à l’adoption du Projet de Loi de Finances (PLF), ce n’est pas acquis. Il y a des surstocks de vins qui ne sont plus adaptés au marché et qui trainent dans les caves : des 2023, 2022, 2021 à apurer. Comme d’habitude, cela n’a pas été anticipé et il faut distiller. On se tourne alors vers le commissaire européen Christophe Hansen pour avoir accès aux fonds de crise. Là aussi ce n’est pas acquis.

 

Pour vous ce plan de réduction des surfaces et des stocks n’est qu’une déclaration d’intention sans mise en œuvre actuellement assurée ?

Ce n’est pas faire insulte à la ministre que de lui dire qu’elle n’a pas de pouvoir. Nous pouvons la remercier pour son attitude courtoise et son écoute, on a compris la sincérité de sa démarche, mais on a aussi compris qu’elle ne peut rien pour nous.

 

Dans le plan d’aide il y a des mesures pour les trésoreries en allégeant les charges (taxes foncières, cotisation MSA…

Cela manque d’ambition. On a un incendie à éteindre. Nous ne sommes pas contre recevoir un peu d’argent, mais il faut être conscient que cela ne va rien résoudre. Nous portons des mesure fortes. Sur le volet conjoncturel, il y a des situations dramatiques de certains vignerons qui sont à bout de souffle et doivent réduire la voilure ou quitter le métier de manière digne. On ne parle pas d’arrachage définitif, comme la ministre, mais d’arrachage temporaire. Cela veut dire qu’il faut une prime acceptable : on parle de 10 000 €/ha, avec un gel des terres pendant 8 ans et le dépôt des autorisations de plantation dans une bourse gérée par chaque bassin viticole qui permettra de les récupérer facilement dès que les marchés repartiront. La consommation mondiale de vin baisse, mais la production aussi : l’offre va finir par se rééquilibrer avec la demande.  C’est un plan social, il ne faut pas avoir peur de dire les choses. On croit dans l’avenir de la filière, il n’y qu’à voir les intentions et projets. La filière française est éminemment compétitive en termes de qualité produite, il faut ajuster.

Nous soutenons le plan de restructuration des coopératives : où sont les 10 millions € ? Ils auraient dû être versés il y a 6 mois. Tous dans la filière nous partageons les mêmes constats, on a maintenant besoin d’une vraie volonté politique. Nous demandons des prix et pas des primes, avec une concurrence libre, loyale et non-faussée, avec des capacité de production permettant d’être compétitifs. Qu’on nous foute la paix, il faut des coupes franches dans les agences qui ajoutent à chaque dispositif de la surtransposition, de la surréglementation… Sur les phytos, l'irrigation... Et la loi Évin, c’est un vraiment un sujet. La perte de consommation de vin, cette jeunesse qui ne consomme pas, parce que l’on ne sait pas lui présenter le produit et en parler pour le rendre fun et glamour. On est clairement bloqués, comme en témoigne le rosé de José Garcia. On a affaire à un lobby hygiéniste 100 fois plus puissant que celui du vin. On a clairement perdu la bataille.

 

Si le Sitevi n’a pas été perturbé par des manifestations viticoles, il y a un ultimatum de la FNSEA pour le prochain salon de l’Agriculture, en février 2026. Le partagez-vous ? Craignez-vous de voir la colère vigneronne monter ?

La colère est déjà au plus haut. Je demande à l’Etat français et au président de la République de prendre leurs responsabilités. Les viticulteurs ne sont plus en colère, ils sont désespérés. Quand ça ne va pas et que l’on voit que vous êtes terriblement seuls… Les oiseaux se cachent pour mourir. Il y a une responsabilité dramatique de l’Etat. Passer à côté, ça n’a pas de nom. Les choses auraient dû avancer, l’attente était énorme ce Sitevi, attente pas comblée. L’amour ce ne sont pas des paroles, mais des actes.

Vous n'êtes pas encore abonné ?

Accédez à l’intégralité des articles Vitisphere - La Vigne et suivez les actualités réglementaires et commerciales.
Profitez dès maintenant de notre offre : le premier mois pour seulement 1 € !

Je m'abonne pour 1€
Partage Twitter facebook linkedin
Soyez le premier à commenter
Le dépôt de commentaire est réservé aux titulaires d'un compte.
Rejoignez notre communauté en créant votre compte.
Vous avez un compte ? Connectez vous

Pas encore de commentaire à cet article.
La lettre de la Filière
Chaque vendredi, recevez gratuitement l'essentiel de l'actualité de la planète vin.
Inscrivez-vous
Votre email professionnel est utilisé par Vitisphere et les sociétés de son groupe NGPA pour vous adresser ses newsletters et les communications de ses partenaires commerciaux. Vous pouvez vous opposer à cette communication pour nos partenaires en cliquant ici . Consultez notre politique de confidentialité pour en savoir plus sur la gestion de vos données et vos droits. Notre service client est à votre disposition par mail serviceclients@ngpa.fr.
Politique
© Vitisphere 2025 -- Tout droit réservé