menu burger
Lire la vigne en epaper Magazine
Accueil / Politique / "L’arrachage est clairement notre plan B, s’il n’y a pas de jachère tournante en Allemagne"
"L’arrachage est clairement notre plan B, s’il n’y a pas de jachère tournante en Allemagne"
Lire plus tard
Partage tweeter facebook linkedin

Réduction du potentiel de production
"L’arrachage est clairement notre plan B, s’il n’y a pas de jachère tournante en Allemagne"

Annonçant sa plus petite récolte depuis 2010, la filière vitivinicole allemande se félicite de la récente protection accordée par le Bundestag aux associations de défense de ses vins. Dans le même temps, elle affirme sa volonté de continuer le combat en faveur de la gestion de son potentiel de production.
Par Sharon Nagel Le 27 novembre 2025
article payant Article réservé aux abonnés Je m'abonne
Lire plus tard
Partage tweeter facebook linkedin
La DWV ne se fait guère d’illusions sur un éventuel financement européen d’un plan pan-européen d’arrachage - crédit photo : Alexandre Abellan (Christian Schwörer lors du salon ProWein 2024)
C

ontre toute attente, la récolte cette année outre-Rhin ne dépassera pas 7,3 millions d’hectolitres, soit un recul de 7% par rapport à l’an dernier et de 16% comparée à la moyenne décennale (8,7 Mhl). En cause : une diminution significative des volumes dans les quatre principales régions productrices que sont la Hesse rhénane (-23%), le Palatinat (-18%), le Bade (-15%) et le Wurtemberg (-22 %) due aux petites baies et surtout à un tri sévère suite aux précipitations en septembre. Un bilan compliqué pour les vignerons à titre individuel, mais peut-être une aubaine au niveau macroéconomique.

Demande inattendue

En effet, la filière allemande ne reste pas en marge d’un mouvement généralisé au niveau européen et international vers la réduction du potentiel de production. La crise viticole allemande se faisant entendre de plus en plus fort, ses politiques ont porté leurs demandes devant le Conseil de l’Agriculture et de la Pêche du Conseil Européen fin septembre. « Ce que nous demandons, c’est une boîte à outils avec des mesures de crise comme la vendange en vert – qui n’est pas encore pratiquée en Allemagne mais pourrait servir en cas de forte récolte – la distillation et l’arrachage », explique Christian Schwörer, le secrétaire général de l’Association Allemande des Viticulteurs (DWV). Si ces revendications s’inscrivent dans la droite ligne de plusieurs demandes nationales au sein de l’Europe, celle d’un arrachage pan-européen, formulée par la délégation allemande, a de quoi surprendre, d’autant plus qu’elle ne fait pas l’unanimité au niveau européen, loin de là. « Pour notre part, nous l’avons demandée au niveau national », précise Christian Schwörer. « Nous avons appris trois jours avant la réunion du Conseil par la voie des associations européennes que l’Allemagne avait déposé cette demande et nous avons été plutôt surpris. Comme apparemment il n’y a pas de financements nationaux, la délégation allemande a demandé à Bruxelles ».

De guerre lasse

En réalité, la filière allemande privilégie des mesures moins définitives que l’arrachage. « Notre priorité, c’est la jachère tournante parce qu’on a toujours l’espoir qu’au bout de huit ans, la situation aura évoluée. Or, avec l’arrachage définitif on perd les droits de plantation. Clairement, l’arrachage est notre plan B, mais s’il n’y a pas de jachère tournante, il y aura de l’arrachage, notamment pour ceux qui veulent quitter la profession », insiste le secrétaire général de la DWV. A l’heure actuelle, les économistes allemands estiment que jusqu’à 30% des superficies pourraient être concernées par des mesures de réduction du potentiel de production. « Nous espérons que ce scénario ne se produira pas, mais si on considère la baisse continue de la consommation et les mouvements démographiques, ce scénario est réaliste ». Quoi qu’il en soit, c’est l’absence d’intervention des autorités allemandes qui exacerbe la crise outre-Rhin. « Les producteurs attendent des mesures pour pouvoir prendre des décisions, que ce soit la jachère tournante ou l’arrachage ». De plus, au-delà des difficultés économiques, cette situation commence à poser des problèmes au niveau sanitaire : « Les responsables régionaux parlent de 7 à 10% des parcelles qui sont laissées à l’abandon », confirme Christian Schwörer, qui déplore la lenteur de la prise de décision : « Cela fait deux ans et demi qu’on demande la jachère tournante. Tout le monde dit que c’est une bonne mesure, qui va dans la bonne direction, mais qu’il n’y a pas de financements pour. C’est pour cela qu’on est arrivé à l’arrachage ».

 

Le financement, le nerf de la guerre

Inévitablement, le financement se trouve au cœur du débat. « Nous demandons d’avoir une prime de 3 000 euros à l’hectare via les éco-régimes. Ce montant se base sur les calculs réalisés par nos experts économiques qui estiment les coûts fixes entre 2 700 et 2 800 euros/ha. Le montant vise aussi à inciter les producteurs à pratiquer cette mesure ». Une demande qui rencontre une fin de non-recevoir de la part des autorités allemandes : « Elles estiment que la somme est importante et que d’autres cultures n’en bénéficient pas ». L’argumentation de la DWV pointe le reliquat important de l’enveloppe de 80 millions d’euros prévue pour la viticulture sans pesticides et les bandes fleuries : des mesures qui n’ont pas suscité l’adhésion des producteurs, d’un côté parce que « le danger est trop grand », de l’autre car la prime ne s’avère pas très élevée.  « Sur les 80 millions d’euros prévus pour ces deux mesures, on n’en a utilisé que 12 millions. Plus de 60 millions ont été utilisés par d’autres cultures. Comme il n’y a pas de viticulture dans tous les Länder, notre demande de pouvoir récupérer cet argent n’a pas été approuvée ».

Des mesures concrètes

La DWV entend de nouveau adresser un courrier au ministre pour solliciter la mise en œuvre des mesures demandées, l’ayant déjà rencontré à plusieurs reprises ces derniers mois. En amont de son congrès début décembre, l’association réclame « un plan que l’on peut donner à nos membres. Au mois de janvier, nous organisons toujours des rencontres vitivinicoles dans les régions et il faut que l’on puisse présenter quelque chose ». Le paquet vin n’étant pas encore terminé et les mesures ne générant pas d’effets immédiats, la DWV exhorte les pouvoirs publics à « proposer quelque chose de concret aux vignerons » vu la gravité de la crise.

Vous n'êtes pas encore abonné ?

Accédez à l’intégralité des articles Vitisphere - La Vigne et suivez les actualités réglementaires et commerciales.
Profitez dès maintenant de notre offre : le premier mois pour seulement 1 € !

Je m'abonne pour 1€
Partage Twitter facebook linkedin
Soyez le premier à commenter
Le dépôt de commentaire est réservé aux titulaires d'un compte.
Rejoignez notre communauté en créant votre compte.
Vous avez un compte ? Connectez vous

Pas encore de commentaire à cet article.
vitijob.com, emploi vigne et vin
Hauts-de-Seine - Stage IDEALWINE
Haut-Rhin - CDI EARL BAUR JEAN LOUIS
Saône-et-Loire - CDI Les Grands Chais de France
Côte-d'Or - CDI Les Grands Chais de France
La lettre de la Filière
Chaque vendredi, recevez gratuitement l'essentiel de l'actualité de la planète vin.
Inscrivez-vous
Votre email professionnel est utilisé par Vitisphere et les sociétés de son groupe NGPA pour vous adresser ses newsletters et les communications de ses partenaires commerciaux. Vous pouvez vous opposer à cette communication pour nos partenaires en cliquant ici . Consultez notre politique de confidentialité pour en savoir plus sur la gestion de vos données et vos droits. Notre service client est à votre disposition par mail serviceclients@ngpa.fr.
Politique
© Vitisphere 2025 -- Tout droit réservé