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Vins blancs en vrac : le casse-tête de l’approvisionnement en 2025
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Vins blancs en vrac : le casse-tête de l’approvisionnement en 2025

Amsterdam accueille ce 24 novembre la World Bulk Wine Exhibition, rendez-vous incontournable pour les professionnels du vrac et premier regard crucial sur la nouvelle campagne. Parmi les premiers constats : les vins blancs semblent se faire rares cette année… Et il pourrait y avoir des évolutions pour les rouges.
Par Sharon Nagel Le 24 novembre 2025
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Vins blancs en vrac : le casse-tête de l’approvisionnement en 2025
Pour Florian Ceschi de Ciatti Europe, 'la question qui se pose est celle de la segmentation et de l’alimentation de ces marchés d’entrée de gamme à des prix plus agressifs' - crédit photo : Adobe Stock (Africa Studio)
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es aléas climatiques et la pression des maladies ont une nouvelle fois freiné la reprise des volumes en Europe : selon les chiffres du Copa-Cogeca, la récolte 2025 en France, en Italie et en Espagne affiche un repli de 1,5 % par rapport à l’an dernier, et demeure nettement inférieure aux moyennes quinquennales. Dans ce contexte, la conjugaison d’une demande internationale soutenue et d’une polyvalence des débouchés accentue la tension sur le marché des vins blancs en vrac. « La problématique vient de la petite récolte mais surtout de l’absence de repli. Les zones qui devraient faire du blanc – les Charentes, le Gers et le Languedoc – font toutes de petites récoltes », constate Florian Ceschi, directeur de Ciatti Europe, évoquant notamment des problèmes climatiques. « Ce qu’on imaginait arriver comme une sorte de grosse marée de vin cette année depuis les Charentes s’avère au final très atténuée, voire divisée par deux ».

Introspection italienne

Résultat : « Les prix sont légèrement plus élevés que l’an dernier sur les chardonnays, les sauvignons et les viogniers, et il n’y a quasiment pas de cépages secondaires. Ceux qui ont créé des programmes avec des grenaches blancs, terrets, maccabeus ou vermentinos auront du mal à les trouver, parce que je pense que ces cépages-là n’existeront quasiment pas ». Un constat français d’autant plus marqué que les disponibilités manquent également ailleurs. Après deux faibles récoltes, l’Italie retrouve certes son rang de premier pays producteur mondial, avec une récolte estimée à 47 millions d’hectolitres. Mais les perceptions ont rapidement changé, note Federico Repetto, courtier à l’Agenzia Vini Repetto près de Vérone : « Au départ, on s’attendait à une production élevée et à des prix bas. A l’heure actuelle, nous faisons face à une récolte plus faible et à une hausse assez nette des prix des vins génériques ».

Le courtier italien situe plutôt les volumes réels autour de 43 à 44 millions d’hectolitres, et observe une demande allemande de vins blancs en hausse, conséquence directe du manque d’offres en France et en Espagne. La tension sur les prix renforce aussi une logique d’approvisionnement de proximité : « L’Italie n’achètera pas en Espagne, alors qu’en temps normal elle y achète beaucoup de blancs », affirme Federico Repetto. « Cette année, en tenant compte du coût du transport, les vins italiens sont mieux placés en termes de prix ».

Hausse des prix en Espagne

De son côté, l’Espagne traverse l’une de ses récoltes les plus faibles des dernières décennies. Estimée par l’Organisation Internationale de la Vigne et du Vin (OIV) à 29,4 Mhl, la production recule de 1,7 Mhl par rapport à 2024 (-6 %) mais de 15 % par rapport à la moyenne quinquennale. En Castille-La Manche, les dernières estimations annoncent une chute de 18 % de la production par rapport à l’année dernière pour atteindre 18,5 Mhl – une baisse qui se répercute sur les prix. « Bien sûr, on ne parle pas des mêmes cépages, mais pour prendre l’exemple du blanc générique, les prix n’ont fait qu’augmenter pendant la campagne précédente pour finir quasiment à 5 euros le degré/hectolitre, soit de l’ordre de 55 € l’hectolitre. Et on débute la campagne à des niveaux comparables à ceux de fin de campagne », observe Florian Ceschi. Comme Federico Repetto, il confirme que les acheteurs italiens disposent de peu d’alternatives et doivent accepter de payer les prix demandés : « Ils ont besoin d’acheter des blancs de base pour faire des bulles notamment et même à des prix qui ne sont pas loin de 6€ le degré/hectolitre au départ d’Emilie-Romagne ou de la Vénétie, ils achètent les vins quand même parce que de toute façon il n’y a pas moins cher ailleurs ».

Peu d’alternatives extra-européennes

Si le commerce intracommunautaire domine les échanges de vins en vrac entre les principaux pays producteurs, les options hors Europe restent limitées, notamment pour des blancs génériques. « On parle beaucoup du Chili, mais ce n’est pas un gros exportateur de génériques, ils misent plutôt sur les cépages, comme l’Australie et la Californie » rappelle Florian Ceschi. L’absence d’accord douanier avec l’Argentine freine l’arrivée de blancs argentins, sans parler des frais d’approche. Même l’Afrique du Sud – autrefois prisée par les importateurs européens – s’éloigne désormais comme alternative viable. « Le prix de leurs génériques comme celui des autres vins est plutôt élevé et la demande nationale reste supérieure à l’export. L’Afrique du Sud, qui était encore récemment plutôt un pays exportateur net, se met même à importer, notamment des génériques d’Australie et peut-être même de Californie. Leur production s’est tassée tandis que la consommation domestique progresse, créant un léger déficit de volumes ».

Certains programmes fortement impactés

En Europe, Florian Ceschi pointe un enjeu récurrent : l’approvisionnement en « vrais blancs génériques. Beaucoup de programmes existent – citons les bag-in-box de vins communautaires rendus entre 11% et 12%. Comment les alimenter ? » Et de rappeler le problème rencontré l’an dernier : « L’Espagne avait été touchée par la cicadelle verte, empêchant les raisins de finir leur maturation. Les degrés plafonnaient à 11 alors que les opérateurs français et étrangers avaient des lignes en VCE prévues à 12% ». Les alternatives seront encore plus limitées cette année, estime-t-il : « Ce sera difficile de les trouver en Espagne et on ne trouvera pas des 12% en Vins De France dans le Languedoc. Il n’y en aura pas, et il n’y a pas de stocks des années précédentes ». Autre marché impacté par la pénurie de blancs génériques et la hausse des prix : celui des mousseux. « Pour les bulles, il faut des produits entre 9,5% et 10,5%. Historiquement la fourchette d'achat allait de 45 € pour le moins cher jusqu'à 65€ pour le plus cher, selon l'opérateur final, le niveau de qualité souhaité, la valorisation des produits, les délais de retiraison, et la conservation au froid ou pas. Ce sera compliqué d’obtenir ces produits-là et de plus, il y un tiraillement entre ceux qui essaient de contenir les prix pour ne pas perdre potentiellement des marchés, et les producteurs qui voient qu’il y a une certaine élasticité et qui cherchent à gagner un peu plus. Il y a, au final, autant de spéculation d’un côté que de l’autre ».

Peu de visibilité côté négoce

Cette divergence s’accentue, selon Florian Ceschi, parce que nombre de négociants naviguent à vue. « La visibilité de sortie des négociants – qui est donnée par les distributeurs – est proche de zéro. On ne leur donne aucune perspective. Ils sont obligés de composer avec une sorte de page blanche : ils ne savent même pas si le même acheteur va confirmer le même volume l’année prochaine dans un contexte de déconsommation, de pression de l’inflation et de wine bashing ». Une situation qui alimente les craintes de défaillances avec des effets en cascade : « On souligne souvent les difficultés de la production mais il y a aussi pas mal de structures de négoce qui ne vont pas très bien actuellement parce qu’elles n’ont quasiment pas de marge ou travaillent à marge négative. Il y a le risque d’en voir faillir et d’entraîner toute une série de producteurs qui ne seront pas rémunérés ».

Des évolutions en rouge

Si l’attention se concentre largement sur la tension qui frappe les vins blancs, certains signaux faibles laissent entrevoir une amélioration possible pour les rouges. « Ce qui me frappe, c’est que lorsqu’on parle de pénurie, on a tendance à ne pas parler des rouges. Mais en ce moment il est intéressant d’observer leur niveau de prix ». Evoquant une véritable « croisée des chemins », Florian Ceschi souligne la montée en puissance de débouchés qui entraînent les vins rouges dans leur sillage : « On voit des opérateurs de vinaigre ou ceux qui ont besoin de vin comme matière première pour toute sorte de boissons acheter désormais à des niveaux de prix proches de ceux des génériques. On n'a jamais vendu autant de Vin De France, ou des vins génériques où la notion d'origine importe peu, en France mais aussi en Espagne et en Italie, où certains opérateurs se mettent en concurrence avec ceux qui vendaient habituellement ces produits pour de vrais programmes vin. A terme peut-être qu’on aura le même souci sur les rouges. On n'y est pas encore mais on sent qu'il y a un peu de pression. Au final, la question qui se pose est celle de la segmentation et de l’alimentation de ces marchés d’entrée de gamme à des prix plus agressifs ».

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