près le choc des importants retraits pour 2027 et des fortes restrictions dès 2026 pour les cuivres utilisés contre le mildiou de la vigne en France, la filière vin se mobilise pour ne pas se prendre le mur de l’impasse qui s’approche depuis la publication cet été des Autorisations de Mise sur le Marché (AMM) par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES). Dans un communiqué commun, la Confédération nationale des producteurs de vins et eaux-de-vie de vin à appellations d’origine contrôlées (CNAOC) et la Fédération Nationale d’Agriculture Biologique (FNAB) rapportant que « les fabricants n’ont pas fourni les études attendues par l’ANSES » et soulignent que « seuls deux produits ont été ré-autorisés avec des conditions d’usages qui ne correspondent pas aux besoins du terrain ». Les nouvelles AMM de Champ Flo Ampli et Héliocuivre limitent ainsi les doses à 4 kg/ha/an (ce qui exclut le lissage à 4 kg/ha sur 7 ans des doses, avec un plafond annuel à 6 kg/ha), 10 mètres de Distances de Sécurité vis-à-vis des Personnes Présentes et des Riverains (DSPPR), 7 jours d’intervalle entre deux traitements, un usage interdit pendant la floraison, respectivement 20 mètres et 50 m de Zone de Non-Traitement pour les cours d’eau (ZNT)…
Dans le vignoble bio, « on peut utiliser à 200-250 grammes de cuivre par hectare, mais on peut aussi avoir besoin de traiter tous les trois jours en cas d’orages. Là on nous propose de ne traiter que tous les 7 jours à 400 grammes. Ce ne sera pas efficace » pose dans un communiqué le vigneron champenois Pascal Doquet, référent cuivre à la FNAB. Pour sortir de l’ornière, CNAOC et FNAB demandent que les firmes phytos reprennent leurs dossiers de demandes d’AMM afin que l’ANSES puisse réviser ses positions. Il s’agirait de fournir « les analyses de risques correspondant aux doses et aux fréquences de traitements dont la filière a réellement besoin », de mesurer « le risque pour les pollinisateurs avec des méthodes actualisées » et « le risque d’un traitement à un maximum de 6 kg par hectare et par an tout en restant sur une moyenne de 4 kg sur 7 ans ».
Imposant de remettre l’ouvrage sur le métier, cette actualisation des dossiers d’AMM va demander du temps pour aboutir, ce qui impose pour CNAOC et FNAB de « mettre en place les dérogations nécessaires d’ici l’obtention des études » afin de « permettre les traitements sur fleurs le soir, conformément à l’arrêté abeilles, et le lissage des doses sur 7 ans comme la réglementation européenne le permet ». En somme, il s’agit d’éviter une restriction purement française de l’usage des phytos. « Le cuivre reste la seule alternative pour se protéger du mildiou, nous avons donc besoin de ces dérogations pour sortir de l’impasse » déclare le vigneron charentais-maritime Anthony Brun, président de la commission durabilité de la CNAOC, qui souligne la perte de compétitivité imposée par l’ANSES à ses vignobles par rapport au reste de l’Europe : « Bruxelles adopte une position d’ouverture sur le cuivre en prolongeant son homologation jusqu’en 2029 : une nouvelle fois, l’ensemble de la viticulture se retrouve dans une impasse par rapport à ses concurrents européens par décision de l’administration française ! »
La balle est désormais dans le camp du ministère pour la dérogation à l'arrêté abeille et des firmes pour convaincre l'ANSES sur le lissage.




