epuis un an, David Lafosse, chef de culture du Château Beychevelle, 92 ha à Saint-Julien-Beychevelle, en Gironde, et ses équipes parcourent les vignes avec un nouvel outil, le boîtier GPS PinPoint RTK. Cet appareil développé par la start-up VineView enregistre des points d’intérêt dans les vignes comme les complants, des pieds manquants, un piquet de palissage cassé, des ceps peu vigoureux ou malades, etc., en vue de les retrouver très facilement par la suite, la géolocalisation RTK étant précise à quelques centimètres près.
« Nous l’utilisons pour comptabiliser et géolocaliser les manquants, indique David Lafosse. Cela a un véritable intérêt dans nos vignes étroites. L’an passé, nous avons pris des points sur plusieurs de nos parcelles. Nous les avons ensuite retrouvés sans difficulté. » Relié par Bluetooth au boîtier PinPoint RTK, son smartphone lui donne la position de ces points sur une carte. Il n’a alors plus qu’à se diriger vers l’emplacement indiqué.
David Lafosse et ses équipes effectuaient auparavant ce comptage à la main. « Nous étions capables de déterminer le nombre de manquants, commente-t-il. Mais retrouver après coup les complants pour les suivre et savoir si c’était toujours aux mêmes endroits qu’ils ne reprenaient pas, c’était une autre affaire ! »
Si l’appareil a connu quelques pannes au début, ce n’est plus le cas. Et le chef de culture apprécie sa facilité d’utilisation. Le PinPoint RTK se programme en effet à l’aide de trois boutons (A, B et C) seulement, chacun pouvant prendre deux valeurs, de quoi géolocaliser jusqu’à six informations différentes. « C’est largement suffisant, commente-t-il. Dans notre cas, nous n’utilisons qu’une seule entrée. Il suffit d’appuyer sur le bouton pour effectuer nos relevés. »
Autre avantage selon lui, le PinPoint est petit et facile à transporter. Et les points qu’il enregistre apparaissent immédiatement sur l’application PinPoint de son smartphone sous forme de petits ronds de couleur aux endroits marqués. De retour à son bureau, le vigneron télécharge ces informations sur une carte ou un fichier Excel sur son ordinateur. « À terme, nous pourrons ainsi suivre la mortalité des ceps et la reprise des complants au fil du temps », observe-t-il.
À Saint-Émilion (33), Pauline Comin, responsable viticole des 40 ha du Château Quintus, se sert de cet outil pour ses sélections parcellaires. « Nous pratiquons des sélections intraparcellaires afin d’élaborer notre premier, second et troisième vins, explique-t-elle. Avant les vendanges, nous nous rendons dans les vignes en vue de délimiter les zones pour chacune de ces qualités avec de la rubalise. Au total, nous avons 50 parcelles au sein desquelles nous procédons à un découpage qui évolue chaque année en fonction des conditions du millésime. »
Pendant les vendanges, Pauline Comin se rend tous les jours dans les vignes pour noter ce qui a été ramassé. Auparavant, elle réalisait ce suivi en coloriant une carte. Cette année, elle s’est rendue dans ses parcelles, son PinPoint en main, afin de délimiter les zones effectivement ramassées par les vendangeurs, puis elle a téléchargé les cartes correspondantes sur son ordinateur. « C’est un outil de traçabilité d’une précision redoutable », note-t-elle. Seul bémol à ses yeux, ce boîtier ne peut pas être mis entre toutes les mains car il faut se familiariser avec son utilisation combinée au téléphone portable.
Au Comité Bourgogne, Agathe Mazardin, cheffe de projet pérennité au vignoble, et Lucile Diane, chargée d’expérimentation au vignoble, l’utilisent depuis cette année pour suivre des phénomènes de dépérissement. Elles notent ainsi les pieds atteints de maladies du bois ou de jaunisse, les ceps non productifs, etc., sur une trentaine de parcelles appartenant à des vignerons. Chacune possède son boîtier. « Ça nous a changé la vie, témoignent-elles. Autrefois, nous reportions nos observations sur des feuilles volantes. Avec le boîtier que nous portons autour du cou, on clique sur un bouton dès qu’on voit un cep atteint, et on repart en marchant à bonne allure. C’est plus rapide et moins fastidieux. Par la suite, sur la carte générée par l’application PinPoint, les ceps que nous avons signalés apparaissent clairement sous forme de ronds colorés. Il devient alors très facile de les retrouver lorsqu’on retourne sur le terrain. »
Agathe Mazardin et Lucile Diane paramètrent leur appareil selon la saison. Avant les vendanges, par exemple, le bouton A est dédié aux maladies du bois, le B aux jaunisses et le C aux ceps non productifs. Au printemps, ces catégories peuvent évoluer pour suivre d’autres observations, comme le court-noué. « Nous n’avons plus ensuite qu’à traiter ces données », notent-elles. Pour ces deux responsables, PinPoint RTK est la solution idéale pour tous ceux qui font des observations visuelles dans les vignes.


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