lors que le « vignoble traverse une crise profonde », « je souhaite que nous lancions un appel pour une Europe fièrement viticole » annonce Franck Leroy, le président de la région Grand-Est (Alsace, Champagne et Lorraine) accueillant ce mardi 21 octobre à Strasbourg la deuxième édition de l’European Wine Day. Formalisé en un appel de Strasbourg « pour une Europe fièrement viticole », ce manifeste vient d’être signé par 23 régions européennes issues de 10 pays* dans un objectif assumé : « défendre la viticulture, ce n’est pas seulement protéger une production, c’est défendre les territoires ruraux, leur vitalité, leurs emplois et leurs activités » plaide Franck Leroy, également président de l'Association des Régions Européennes Viticoles (AREV), qui appelle au soutien de l’initiative pour « adresser un message puissant aux autorités européennes » alors que sont discutées dans les instances communautaires des évolutions de la réglementation vitivinicole (le paquet) pour répondre aux crises de la filière (aléas climatiques, incertitudes économiques, tensions géopolitiques…). Et à son besoin de défense au-delà des mots, dans les actes. « Aujourd’hui, c’est bien l’avenir même du vin en Europe qui se joue » pose le manifeste.


« Quand on parle de vin, on parle de la culture, de la mémoire, de notre identité locale. On ne parle pas seulement d’un produit agricole, on parle d’un patrimoine culturel que l’on doit protéger » déroule à la tribune l’eurodéputé italien Dario Nardella (groupe de l'Alliance Progressiste des Socialistes et Démocrate au Parlement européen), pour qui « cela veut dire que nous devons défendre le vin comme un bien culturel » et que « si l’on n’est pas engagés pour promouvoir la culture, la protection n’a aucune signification ». En somme : il ne faut pas en rester aux paroles de soutien et agir. Sachant que « ce n’est pas une aumône que l’on fait au monde viticole quand on met de la réglementation et de l’argent » plaide le député aquitain Éric Sargiacomo (groupe de l'Alliance Progressiste des Socialistes et Démocrate au Parlement européen), pour qui des outils de soutien permettent de « ne pas générer la peur, la misère, l’angoisse du quotidien pour des milliers de personnes qui travaillent autour de ces activités », aussi bien « les vignerons » que « tout l’écosystème derrière ».
« On n’est plus au stade des belles paroles » précise à Vitisphere Franck Leroy, pour qui « la situation est inquiétante avec les effets du changement climatique, des modifications culturelles, la concurrence d’autres producteurs de vins et d’autres boissons, les taxes américaines, la situation économique générale… Tout se cumule. » Au terme de l’European Wine Day, le président de région souligne les avancées positives du paquet vin (sur la promotion, l’arrachage, l’œnotourisme…) et appelle à aller plus loin (l’appel demande la reconnaissance de la spécificité culturelle du vin européen, la défense des vins dans les accords commerciaux internationaux, maintenir un financement sectoriel dans la Politique Agricole Commune après 2027…).


Concrètement, « une question essentielle se pose : l’Europe continuera-t-elle de reconnaître et de soutenir ses vignobles » indique le manifeste, qui répond que « nous, élus des territoires viticoles à travers toutes l’Europe, nous affirmons notre conviction : oui, les vignobles sont une richesse pour les territoires. Oui, la viticulture est une chance et un moteur pour l’Europe. Oui, elle participe à notre rayonnement dans le monde. »
* : Allemagne (Bade Würtemberg et Bayern), Autriche (Burgenland, Land Niederösterreich et Steiermark), la Belgique (Wallonie), l’Espagne (Castilla la Mancha, Catalunya, Euskadi/Pais vasko et Valencia), la France (régions Auvergne Rhône Alpes, Bourgogne Franche-Comté, Centre Val de Loire, Corse, Grand-Est, Hauts de France, Occitanie, Nouvelle Aquitaine, Pays de Loire et Sud), Luxembourg, république Tchèque et Roumanie (Iași).