réée en 2016, l'application Raisin a analysé ses données, présentées comme le panorama le plus exhaustif qui soit sur le marché du vin naturel mondial. Le guide référence aujourd’hui 8 000 bars, caves et restaurants estampillés "Raisin" dans le monde, contre 5 000 en 2021. Soit autant de bars, caves et restaurants (et 1 magasin Biocoop) dont au moins 30 % des vins à la carte sont "nature", sur la base du cahier des charges du vin Méthode Nature (raisin bio, vendanges manuelles, pas de levurage ni de filtration, soufre < 30mg/L pour les rouges, < 40mg/L pour les blancs)*.
Le "boom" français est parmi les plus spectaculaires : parti avec 446 établissements en 2016, le site en référence 2 655 en 2024, soit 6 fois plus et un record mondial. Paris est bien sûr le cœur du réacteur avec 599 lieux recensés en 2024, et notamment le quart Nord-Est de la capitale, autour d’Oberkampf, République et Canal Saint-Martin. « On doit être fiers de ce qui se passe à Paris, capitale mondiale du vin naturel, souligne Jean-Hugues Bretin. Le 11e arrondissement, c’est le château fort du vin nat’. » A noter : « Le nombre de bars à vin diminue entre 2023 et 2024, remarque Jean-Hugues Bretin. Mais c’est compensé par les restaurants », de plus en plus nombreux. Bilan : dans la capitale, « la croissance se poursuit, démontrant qu'il n'y a pas d'effet de saturation, bien au contraire ».
Six autres villes françaises apparaissent sur le podium mondial des villes où l’on trouve le plus facilement des lieux où boire du vin naturel. Dans l’ordre : Lyon, Marseille, Nantes, Toulouse, Bordeaux et Nice.
Un phénomène mondial
Mais le phénomène dépasse la France : le taux de croissance annuel moyen est de 28,5% depuis 2016 à l’échelle mondiale. Le phénomène est d’abord européen. L’Italie, 2e pays du podium, est ainsi passée de 46 bars, caves ou restaurants enregistrés en 2016, à 1623 en 2024 (x35) ; en Allemagne, leur nombre a été multiplié par 23, et par 14 en Suisse, Pays-Bas et Espagne.
Mais sur la 3e place du podium de Raisin, on trouve… les Etats-Unis, avec New York, et notamment Brooklyn, en tête de pont. « Dans de nombreux restaurants du centre-ville de New York, les vins naturels font partie de l'offre standard, et les bars à vins naturels sont considérés comme des portes d'entrée pour découvrir des quartiers animés et des recommandations locales », analyse Raisin.
Dans le détail, Raisin dresse le portrait d’une « scène vin naturel » « citadine et cosmopolite ». « Ce mouvement est particulièrement porté par les jeunes consommateurs urbains, qui considèrent le vin naturel comme un marqueur culturel et un choix identitaire. » L’entreprise a ainsi dressé le podium des 5 grandes villes du vin naturel en 2024, soit dans l’ordre, Paris (599 établissements), New York (183 établissements), Rome (133 établissements), Barcelone (112 établissements) et Bruxelles (104 établissements). Depuis 2021, Londres et Copenhague sont sortis du classement, remplacées par Barcelone et Bruxelles. Et parmi les villes les plus « prometteuses », Raisin évoque Madrid, Berlin, Montréal, Séoul et les villes italiennes moyennes. L’appli recommande aussi de garder un œil sur la Suisse, « où l’intérêt des consommateurs est manifeste ».
Raisin a aussi étudié les habitudes de consommation de ses usagers : ils achètent en moyenne 7 bouteilles de vin naturel par mois, à 18,39€ la bouteille en moyenne (selon une étude une étude menée auprès d'un échantillon représentatif des utilisateurs Raisin au 1er trimestre 2025), loin des 4,20€ en moyenne en France (données FranceAgriMer, Circana et PropulsebyCA, prenant en compte les ventes en grande distribution). A partir de ses propres observations « terrain », l’équipe de Raisin constate que, au moins à Paris, « trouver une bouteille en dessous de 15 € en cave devient rare, dans les bars, il faut compter 35 à 45 € au minimum, et au restaurant le barème minimum se situe de plus en plus souvent entre 55 et 70 € », une inflation que Raisin analyse comme un frein.
« Evidemment, le marché du vin nature est difficile en ce moment, comme pour tout le monde », relève Jean-Hugues Bretin. Pour Raisin, « le marché reprend son souffle » en 2024, après près de dix ans de croissance fulgurante. « On est à plus de 20% par an, quel autre secteur du vin peut en dire autant ? » Parmi les tendances à suivre, l’entreprise observe de près les « formats hybrides, qui séduisent de plus en plus » : cave-bar-cuisine, auberges mêlant café du matin, cuisine locale et verres de vin naturel, soirées acoustiques, dégustations, mini-festivals, etc. Soit, « autant de moments de partage et de communauté que recherchent les amateurs ».
* : L’étude ne comptabilise que les adresses enregistrées sur Raisin. L’inscription sur le site a peut venir des responsables de l’établissement, ou d’usagers de l’appli. Dans tous les cas, le « 30% de nature au moins » est vérifié par Raisin, via un algorithme suivi d’une vérification manuelle.
Raisin recense aussi des domaines viticoles, mais n’a pas encore analysé dans le détail les données. Seul chiffre disponible : Selon Eurostat, sur 75 510 exploitations viticoles en France, 1 536 sont des vignerons recommandés par Raisin, soit 2,03 % de l’ensemble des producteurs.




