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L'OMS n'ostracise pas le vin : "on fait partie de la solution et pas du problème"
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Quand la modération prend tout son sens
L'OMS n'ostracise pas le vin : "on fait partie de la solution et pas du problème"

Fin septembre à New York, la déclaration politique de l’Organisation Mondiale de la Santé sur la prévention et la maîtrise des malades non transmissibles a franchi une étape décisive, entérinant une approche fondée sur la responsabilité et la modération. Une victoire symbolique pour la filière vin, qui doit toutefois se prémunir contre des dérapages éventuels.
Par Sharon Nagel Le 17 octobre 2025
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L'OMS n'ostracise pas le vin :
Si l’on peut saluer une victoire du dialogue dans la rédaction de la Déclaration politique, d’autres échéances se profilent et demandent de la vigilance de la part du secteur pour que les équilibres perdurent. - crédit photo : Adobe Stock (Larisa AI) généré à l’aide de l’IA
L

e mouvement prônant l’approche « aucun niveau de consommation d’alcool sûr » au sein de  l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) n’aura finalement pas eu raison des Etats membres dans la rédaction définitive de cette déclaration politique. Un texte – dont le vote est prévu en novembre – qui revêt une importance majeure car, même s’il n’est pas juridiquement contraignant, il exerce une forte influence sur les politiques en matière de santé mises en œuvre par les 193 Etats membres qui le valident. « On salue l’adoption de la déclaration politique. J’y vois une victoire du dialogue et un cadre pour l’avenir de la consommation modérée d’alcool », affirme Krystel Lepresle, déléguée générale de Vin & Société, qui se réjouit d’une approche « pragmatique qui soit centrée sur la réduction des usages nocifs de l’alcool et pas sur toute forme de consommation ».

Le secteur fait partie de la solution 

Deux acquis majeurs ont été validés à l’occasion de cette quatrième réunion de haut-niveau, la première depuis 2018 : hormis l’accent mis sur l’abus d’alcool, l’intervention du secteur privé – aux côtés des différents organismes intergouvernementaux – est admise. « Cette déclaration reconnaît cette approche dite "ensemble de la société" », précise Krystel Lepresle. « Donc on fait partie de la solution et pas du problème ». Cette distinction est cruciale à un moment où l’on observe une bascule des arguments développés par certains, où les causes de maladies ne seraient plus liées aux modes de vie mais à des déterminants commerciaux.

Le distinguo révèle aussi l’esprit dans lequel le texte a évolué au fil des mois avant sa validation. Si certains médias ont pu dénoncer l’ingérence du secteur des boissons alcoolisées – le lobby du « big alcohol » - certaines sources réfutent cette hypothèse, pointant une méconnaissance de la procédure. En effet, dans les organisations multilatérales, le processus commence par une ébauche de déclaration zéro, écrite en général par l’une des parties et qui représente la proposition « idéale ou maximum » selon les ambitions et l’information dont ils disposent, sans intervention directe des acteurs privés. Pour Rodrigo de Casas, directeur de communication au sein de l’Alliance internationale pour la consommation responsable (IARD), l’évolution de la déclaration s’explique surtout par les données dont les Nations Unies elles-mêmes disposent, « qui confirment que la stratégie mise en place aujourd’hui donne des résultats ».

Des indicateurs en baisse significative

Les chiffres, en effet, sont éloquents. Dans le rapport de situation sur l’alcool et la santé publié par l’OMS elle-même, on fait état de réductions significatives, notamment en matière de mortalité (-20 %) et de taux de morbidité (-17,4 %) liés à l’alcool pour une consommation par habitant en baisse de 3,5 % entre 2010 et 2019. « Il est donc compréhensible que les Etats membres ont réaffirmé ce compromis et la même stratégie, c’est-à-dire la séparation entre une consommation dangereuse et une consommation normale », insiste le représentant de l’IARD.

En France aussi, les données sont plus que parlantes : « Avec une baisse de 16 % de la consommation d’alcool au cours des 20 dernières années, les chiffres montrent très bien qu’on est sur une trajectoire baissière de la consommation en France », abonde Krystel Lepresle. « La consommation modérée est bien rentrée dans l’esprit et dans les pratiques des Français». La déléguée générale de Vin & Société estime qu’on a atteint « un point d’équilibre » grâce à une dynamique importante, mais que d’autres facteurs doivent être pris en compte. « La France traverse une grave crise, dans un contexte international où les taxes, et pas seulement les taxes, challengent nos économies. Il faut donc se rappeler qu’il y a aussi un bienfait pour l’économie, et pour le consommateur. C’est un atout maître pour tout le monde ».

Tout est dans la nuance

La "boîte à outils" de l’OMS – taxation, restrictions publicitaires, limites sur la disponibilité des produits – reste en place, malgré la déclaration politique. Pour Krystel Lepresle, les mesures restrictives déjà appliquées en France limitent l’éventualité d’un durcissement : « La France dispose déjà d’un cadre légal et réglementaire stricte et protecteur. Une étude de l’OFDT comparant les politiques des pays membres de l’UE en matière d’alcool et constatait que la France apparaît comme un des pays qui coche le plus grand nombre de cases. Je ne vois pas la France durcir le cadre législatif quand vous avez 9 Français sur 10 qui ne consomment pas plus de 10 verres par semaine ». D’autant plus qu’on « a réussi à baisser les indicateurs en France sans avoir à augmenter la fiscalité ou utiliser d’autres mesures ». De son côté, au niveau mondial, Rodrigo de Casas insiste sur la nécessité d’une approche au cas par cas. « Le texte lui-même indique que les mesures doivent s’aligner sur les contextes nationaux ». En modulant les actions en fonction de la situation particulière de chaque pays, on peut, en effet, en diminuer les effets pervers, dont l’incitation au commerce illicite.

 

Communiquer sur les efforts consentis

Enfin, si la déclaration politique de l’OMS fixe un cadre – auquel devront adhérer toutes les parties prenantes – elle n’écarte pas pour autant la nécessité pour la filière de poursuivre ses actions en faveur de la modération. Différentes échéances au sein de l’Organisation – arrivée d’un nouveau directeur en 2027 et fin des différents plans d’action sur l’alcool d’ici 2030 – impliquent que le sujet reste en effet toujours d’actualité, et que le secteur doit maintenir sa vigilance. « On vient de franchir une étape importante, qui était à la fois un point d’arrivée et un point de départ », confirme Krystel Lepresle. « Au cours des prochaines années, ce qui va être important, c’est de voir tout ce qui sera mis en œuvre en termes d’actions pour concrètement incarner cette trajectoire. Mais cette déclaration a donné un mandat clair que l’OMS devra respecter : celle de la lutte contre les abus et non contre toute consommation ». D’ailleurs, c’est peut-être le moment de communiquer sur tous les efforts accomplis, certains ayant eu peur de le faire, le voyant comme une admission du problème : « Les entreprises membres de l’IARD soutiennent les efforts visant à lutter contre la consommation nocive. Non seulement c’est la bonne chose à faire, mais c’est aussi essentiel pour la durabilité à long terme de nos entreprises et de notre secteur », note le représentant de l’IARD.

Pour Krystel Lepresle, s’il reste encore des progrès à faire, notamment en matière de sensibilisation par les autorités sanitaires du public aux repères de consommation – un sondage récent a démontré que seuls 23 % des Français interrogés les connaissent – la filière « a fait sa part pour réduire les usages nocifs de l’alcool. Il appartient à l’Etat français de promouvoir la modération pas l’abstinence ».

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