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"Il faut une offensive commerciale pour sortir la filière vin de la paupérisation et de la décapitalisation"
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Jean-Marie Fabre
"Il faut une offensive commerciale pour sortir la filière vin de la paupérisation et de la décapitalisation"

Ne voyant rien venir à la rescousse du vignoble, le président des Vignerons Indépendants appelle la Commission Européenne à la mobilisation générale afin de relancer la conquête de parts de marché pour "en finir avec la fatalité du repli et du déclassement".
Par Alexandre Abellan Le 26 septembre 2025
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« On a besoin de cette action européenne forte pour ne pas courir le risque déclassement » alerte Jean-Marie Fabre qui est « en attente d’un vrai plan d’action : il faut un pilote dans l’avion pour nous amener des réponses d’urgence ». - crédit photo : DR
«

 Anne ma sœur Anne… On ne voit pas beaucoup d’avancées par rapport aux demandes portées qu’il faudrait rapidement traiter » constate Jean-Marie Fabre, le président des Vignerons Indépendants. Si l’attentisme gouvernemental français réduit la gestion de crise viticole à l’expédition des affaires courantes, le vigneron de Fitou (Aude) appelle la Commission européenne à la mobilisation pleine et entière. Non seulement sur les volet réglementaires (de l’arrachage au sein du paquet vin*) et financiers (avec l’accès à la réserve de crise), mais aussi « sur un plan d’action offensif pour la conquête commerciale ». Le gain de parts de marché étant à même de « sortir la filière vin de cette spirale négative, de la paupérisation et de la décapitalisation » estime Jean-Marie Fabre. L’impression de ras-le-bol s’exprimant fortement ces vendanges 2025, le président des Vignerons Indépendants relève que « la somme des difficultés accumulées depuis 5 ans » se heurte aux coups de freins politiques nationaux (dissolution, gouvernements démissionnaires…), alors que la filière nécessite « une action qui doit être rapide et durable ».

Appelant au déploiement « d’un véritable arsenal européen de mesures offensives pour pousser les performances et les perspectives du vin et en finir avec la fatalité du repli et du déclassement », Jean-Marie Fabre met la balle dans le camp de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et du commissaire européen à l’Agriculture, Christophe Hansen. « Ils ont dans leurs mains et dans leurs responsabilités la dynamique des marchés export pour lever les entraves et démultiplier les outils pour libérer nos entreprises des freins que la Commission a parfois contribué à créer à l’export » indique le vigneron, pour qui « on a besoin aujourd’hui que la présidente et le commissaire se saisissent du soutien à notre secteur. L’immobilisme européen sera mortifère pour une filière qui structure nos territoires européens en France, en Allemagne, en Italie, en Espagne... »

Suspendre les barrières tarifaires

Concrètement, cela passe par des négociations d’accords de libre-échange « tous azimuts, y compris en Inde, au Canada, en Amérique du Sud… » évoque Jean-Marie Fabre. Qui demande que les vins soient traités à part dans de telles négociations, afin de sanctuariser et sécuriser les enjeux agricoles nourriciers dans un autre volet, pour ne pas « importer ce que l’on ne souhaite pas dans nos standards de production ». Et éviter les tensions comme celles portant sur le Mercosur dans l’agriculture française. D’après les échos de la Commission européen, Bruxelles a actuellement finalisé des accords avec le Mercosur, le Mexique et l’Indonésie, des discussions sont en cours avec l’Inde, les Philippines, la Thaïlande, la Malaisie, les Emirats Arabes Unis et l’Australie.

Sans oublier des négociations avec les États-Unis pour suspendre les 15 % de droits de douanes imposés sur les produits européens depuis août : le vin, les spiritueux et l’huile d’olive faisant partie des priorités d’après des sources bruxelloises. « Il faut que le travail soit mené d’arrache-pied pour qu’il y ait une exemption des 15 %. Trop souvent notre secteur est exposé, voire sacrifié, par rapport à d’autres secteurs industriels européens » souligne Jean-Marie Fabre.

Budget de conquête

Au-delà des diplomates, des fonds doivent être mobilisés par l’Europe pour soutenir les exportations vitivinicoles : « nous avons le besoin impératif d’un budget de conquête pour soutenir, encourager et défricher toutes les parts de marché nous permettant d’être offensifs. Il faudrait 80 à 100 millions €/an prenant en charge 80 % des dépenses pour prospecter le Mexique, le Brésil, l’Europe du Nord, l’Afrique… » indique Jean-Marie Fabre, soulignant que la France dédie 50 millions €/an de fonds européens à la promotion dans les pays tiers (prise en charge de 50 à 70 % dans l’OCM vin).

En soutien aux actions sur les marchés potentiels, le président des Vignerons Indépendants appelle à la mise en place d’unités opérationnelles sur les pays ciblés à l’export : « il faut une task-force pour amener les connaissances permettant d’aller sur les bons lieux pour s’implanter, de connaître les erreurs à ne pas faire… Et faire valoir la préférence par le consommateur des vins français. »

Droits d’accise

Encore faudrait-il que des handicaps réglementaires auto-imposés en Europe soient levés : à commencer par l’absence de guichet unique pour la gestion simplifiée des droits d’accise pour l’expédition de bouteilles de vin à des particuliers d’autres pays européens. Rappelant les avancées communautaire sur la TVA depuis juillet 2021, Jean-Marie Fabre regrette l’absence d’avancées sur « un sujet qui pourrait être débloqué rapidement. Le marché commun n’en a que le nom et pas la réalité. Ne pas pouvoir commercer de manière fluide en direct avec un acheteur allemand ou néerlandais est une entrave forte, une faiblesse supplémentaire en termes de trésorerie. » Ayant eu des engagements présidentiels et ministériels en 2022, le président des Vignerons Indépendants espère des avancées du commissaire Christophe Hansen : lors du salon de l’Agriculture, ce dernier dit en faire « son cheval de bataille » rapporte Jean-Marie Fabre, qui compte bien « le prendre au mot ».

Le soutien à la filière vin devant être forte et claire pour lui : « c’est à ce prix que l’on sera capable de redresser la tête à la sortie des vendanges pour regagner des parts de marché. Sinon on va inscrire la filière dans une spirale déflationniste et moralement défaitiste. Nous besoin d’ouvrir les fenêtres et les espaces de développement » conclut le vigneron languedocien.

 

* : Actant des évolutions réglementaires substantielles pour la filière européenne, « le paquet vin n’est pas l’alpha et l’oméga » pour Jean-Marie Fabre, y voyant un outil « nécessaire pour déployer des outils de crise,mais pas salutaire », car « il faut des annonces sur les réserves de crise » et sur les moyens de « conquête de parts de marché ».

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