omme il est de coutume depuis quelques années, l’Assoenologi, l’Unione Italiana Vini et l’Ismea se sont réunis ce 10 septembre à Rome pour annoncer officiellement les premières estimations de récolte en Italie : 47,4 millions d’hectolitres de vin sur le millésime 2025. Si ces prévisions se confirment, la production transalpine s’inscrira en hausse de 8 % par rapport à l’an dernier, ce qui ramènerait les volumes dans la moyenne nationale. Les bonnes réserves hydriques accumulées pendant l’hiver et le printemps expliquent en partie cette progression par rapport à deux années de récolte relativement faibles, notamment 2023 avec 38,3 Mhl.
Vendanges inégales selon les régionsL’augmentation de la production est néanmoins répartie de manière inégale sur le territoire italien : si le Sud affiche une hausse à deux chiffres (+19 %), tirée par les Pouilles, la progression est plus mesurée dans le nord (+8 % dans le nord-ouest/+3 % dans le nord-est), tandis que le centre accuse une baisse de 3 % des volumes attendus. Avec près de 12 Mhl, soit un quart de la production totale, la Vénétie conserve sa position de leader, suivie des Pouilles et de l’Emilie-Romagne ; la Sicile et les Abruzzes complètent le top cinq des vignobles italiens en volume. Globalement, les conditions météorologiques ont favorisé une récolte précoce dans de nombreuses régions, les vendanges risquant de s’étaler dans le temps, notamment dans le Sud.
Plaidoyer pour des rendements plus cohérents
Si la qualité du millésime est déjà saluée comme étant « très bonne à excellente », les volumes risquent de laisser un goût amer à la filière. « Nous trinquons à un excellent millésime en termes de qualité, mais pas en termes de quantité », a confirmé Lamberto Frescobaldi, président de l’UIV. « Dans les conditions actuelles du marché, il sera difficile de garantir une juste rémunération à la filière avec une récolte de 47,4 millions d’hectolitres, auxquels s’ajouteront probablement quelque 37 Mhl de vins en cave ». Comme d’autres représentants professionnels, il plaide pour une meilleure adéquation entre les volumes et le potentiel de commercialisation : « En ce moment historique, nous proposons de revoir les modèles de production, en commençant par le cadre législatif du Texte Unique, afin de mettre en place un système en accordéon où notre potentiel s’ouvre ou se contracte en fonction de la dynamique du marché ».
Les difficultés commerciales cette année ont été détaillées par le président de l’ICE Agency, Matteo Zoppas : « Le vin italien traverse une phase complexe, avec une récolte positive, mais un marché saturé et des droits de douane américains pénalisants, bien qu’au taux de base de 15 % ». Si les volumes exportés ont reculé de 4 % au cours des cinq premiers mois de l’année, les valeurs se sont stabilisées autour de 3,2 milliards d’euros. Mais Matteo Zoppas a tenu à relativiser la hausse apparente de 5,79 % des expéditions vers les USA entre janvier et mai 2025 : « Nous ne devons pas croire que cette tendance perdurera. Elle résulte avant tout de politiques de stockage qui alimentent artificiellement le marché sans offrir de réconfort ».
Une récolte européenne en légère hausse
A l’échelle européenne, le Comité Vins – représenté à Rome par son secrétaire général Ignacio Sanchez Recarte – anticipe une récolte 2025 très légèrement supérieure à celle de 2024. « Si l’Espagne connaît une récolte plus faible en raison des intempéries, celle-ci sera compensée par une hausse des rendements en Italie et en France, en dépit des arrachages dans certaines régions françaises ». L’Allemagne et le Portugal suivent de loin, avec des prévisions respectives de 8,4 et 6,2 Mhl.