Nous avons eu un été magnifique, chaud, les vignes sont en pleine santé, et cela va se traduire dans les vins. Jusqu’ici tout se prête à une belle année, les vignes présentent un beau potentiel ». Président des vignerons de Touraine Amboise, Mathieu Plou est heureux, comme ses confrères, au terme d’une saison épargnée par les aléas climatiques et les maladies. « La qualité sanitaire se maintient et les maturités ont été précoces. En Touraine Amboise les vendanges ont commencé dès le 1er septembre, avec une quinzaine de jours d’avance par rapport à la moyenne ».


Au domaine de la Gabillière, l’exploitation viticole du lycée agricole d’Amboise, les sécateurs sont entrés en action dès le 26 août, pour les chardonnays et les pinots noirs destinés au Crémant de Loire. Le 3 septembre, les côts affichaient déjà un titre d’alcool probable de 12 à 13°. « Il y a 25 ans on aurait jamais vu ça ! Nous allons les vendanger très bientôt », sourit Mikaël Bouquin, le directeur de l’exploitation. « Ce millésime est exceptionnel de par sa précocité. Les conditions météo ont été favorables au développement des raisins. Le stress hydrique a été modéré malgré les périodes de forte chaleur, grâce à des pluies étalées qui se sont bien infiltrées dans les sols », explique Bruna Marti-Trevisan, œnologue au laboratoire Inovalys . L’équipe viticole de la chambre d’agriculture d’Indre-et-Loire et du Loir-et-Cher constate pour les côts « un très beau potentiel phénolique ».
En AOC Touraine en Loir-et-Cher, la récolte des sauvignons a été entamée vers le 25 août, mais les chardonnays et pinots noirs pour le Crémant ont été encuvés la semaine précédente dans certains domaines. En Touraine Azay-le-Rideau, Sophie Colin, vigneronne au Chai de Thélème, a relevé, dès le 19 août, 11,5° à 12° potentiels sur ses pineaux d’Aunis et gamay, « quand l’année dernière en vendangeant entre le 25 septembre et le 12 octobre on était difficilement parvenus à atteindre au final 11° sur la majorité des cuvées ».


Dans l’AOC Chinon, les vendanges ont démarré le 25 août sur les chenins. « Nous n’avons jamais vu ça ! Une semaine d’avance sur l’année la plus précoce que nous ayons connue. Généralement, la récolte se fait entre mi-septembre et mi-octobre. Sur de nombreuses parcelles, la maturité est là, les grappes sont superbes. Ce que nous observons laisse présager un millésime d’exception », déclarait le 29 août Jean-Martin Dutour, président de l’Organisme de Défense et de Gestion (ODG).
A Vouvray, « les raisins sont très beaux, lance également Denis Breussin, président de l’ODG. C’est pour ça que l’on fait ce métier ! Les vignes ont un mois d’avance sur 2024. Certains ont commencé à vendanger, le ban des vendanges était au 29 août. Mais nous avons eu de fortes pluies début septembre. On espère que la météo va se recaler ». La chambre d’agriculture note en effet « un état sanitaire fragile pour les chenins ».
« Les pluies peuvent en outre entraîner une dilution des sucres et une dégradation des acides », prévient Bruna Marti-Trevisan. L’œnologue pointe également des teneurs basses en acide malique. « Le manque d’acidité devient un problème récurrent, avec le risque de produire des vins mous, manquant de fraîcheur et de profondeur. Nous allons devoir gérer ce paramètre », commente Mathieu Plou.
Côté rendements, ce millésime à la précocité exceptionnelle ne sera pas pléthorique. « L’année devrait être correcte, mais les situations sont variables selon les exploitations. En 2024, beaucoup de côts avaient eu de la coulure, ce n’est pas le cas cette année », indique Mathieu Plou à Amboise. « Les rendements en jus s’annonçaient faibles avant les pluies de début septembre. Nous visons désormais les 45 hl/ha », annonce Denis Breussin à Vouvray. « Avec une prévision de 40 hl/ha en moyenne, en blanc comme en rouge, les rendements 2025 seront en deçà de nos bonnes années (50hl/ha) », déclare pour sa part Jean-Martin Dutour pour l’AOC Chinon.