u printemps dernier, le domaine des Millarges à Chinon a mené des plantations d’un nouveau genre. « Nous avons planté des variétés résistantes, du floréal et du voltis, et des cépages non issus de du Val de Loire, du sacy et de la jacquère », indique Anne-Alice Serru, la directrice de cette exploitation viticole liée à l’Agrocampus de Tours-Fondettes. Le voltis, le sacy et la jacquère ont fait leur arrivée en tant que variétés à fin d’adaptation (Vifa) pour le Crémant de Loire produit sur le domaine, aux côtés des cuvées de Chinon en cabernet franc, cabernet sauvignon ou chenin.
D’autres productions, inédites sur le domaine, vont également prendre place près des vignes : des chênes truffiers et des plantes aromatiques. Une évolution intégrée dans le projet national Diverviti de l’IFV, porté par David Lafond et déployé sur trois sites, les Millarges à Chinon, les vignes du lycée viticole de Montreuil-Bellay (Maine-et-Loire) et le domaine expérimental de Piolenc (Vaucluse).


« Diverviti met en place des systèmes de culture viticoles agro-écologiques intégrant d’autres espèces végétales afin de favoriser les équilibres parcellaires au niveau du sol et les régulations biologiques. L’objectif final est de parvenir à se passer totalement des herbicides et des insecticides et à réduire de moitié l’usage des fongicides », explique David Lafond.
Aux Millarges à Chinon, le projet a été co-construit avec l’IFV, les équipes pédagogiques de l’Agrocampus et les élèves en BTS viti oeno. « Cet automne, nous planterons 80 ares de chênes truffiers. Une haie de plantes aromatiques, qui pourraient être du lavandin, du romarin…, et un alignement d’arbres (sureau, amandier, cormier, cornouiller, figuier…) s’inséreront entre les ‘blocs’ de vignes », détaille Anne-Alice Serru.
Les espèces de ces arbres ont été choisies pour leur absence de risque de transfert de leurs mycorhizes aux chênes truffiers. « Cet alignement d’arbres où nous placerons des nichoirs formera une trame verte entre les chênes truffiers et une zone classée Natura 2000 où se situe une partie de nos vignes, caractérisée par une pelouse calcaire et une flore spécifique », poursuit Anne-Alice Serru. La directrice de l’exploitation et son équipe travaillent avec le CPIE Val de Loire (Centre permanent d’initiatives pour l’environnement) pour implanter des espèces présentes sur cette zone Natura 2000 dans des couverts entre les rangs de vignes.
Autre pratique agro-écologique prévue : de l’écopâturage avec des moutons sera mis en place dans cette parcelle expérimentale. « Les ceps y seront portés à 80 cm de haut, tout en étant en conformité avec les cahiers des charges des AOC Chinon et Crémant », précise Anne-Alice Serru. Ce projet axé sur la biodiversité et la diversification des productions (cépages résistants, truffes, plantes aromatiques) a aussi pour but de conforter l’équilibre économique du domaine.