a vague de chaleur du début du mois d’août n’a pas entaché la qualité du millésime bordelais. « Les gros écarts thermiques entre le jour et la nuit ont préservé l’acidité des jus des blancs vendangés depuis la semaine dernière dans les Graves et le pessacais. Ils sont puissants mais équilibrés », se délecte Simon Blanchard, associé du cabinet Derenoncourt Vignerons Consultants. Inquiet lors de son départ pour 10 jours de congés le 7 août de savoir comment le feuillage des parcelles qui affichaient déjà des niveaux de contrainte hydrique records allait supporter les fortes températures, David Pernet a été rassuré de retrouver l’essentiel du vignoble sans défoliations ni flétrissements. « Des jeunes vignes ont souffert, mais aucune parcelle bien installée ne s’est bloquée. Et la chaleur est arrivée suffisamment tôt dans la phase de maturation pour ne pas générer de déshydratation des raisins », retrace le responsable du service conseils de Sovivins.
Après une véraison éclair, « toujours gage de qualité », de l’expérience de Simon Blanchard, la maturation va très vite. « Le millésime a encore gagné en précocité, avec un début de récolte des rouges désormais prévu dès la semaine prochaine sur les vieilles parcelles qualitatives et non plus le 8 septembre comme initiale envisagé », indique David Pernet. Sur merlots comme cabernets, les équipes de l’Institut des sciences de la vigne et du vin (ISVV) attestent que « l’ensemble des valeurs des paramètres de maturité sont supérieures à celles de 2024 au moment de la récolte. » D’après leur dernier contrôle, « les valeurs de 3-Isobutyl-2-métoxypyrazine (IBMP) confirment l’absence de notes végétales caractéristiques d’une maturation insuffisante. »
Des pluies issues de l’ex-ouragan Erin sont prévues à partir de cette nuit pour plusieurs jours sur un large front du vignoble. « Elles tombent au bon moment, se réjouit Simon Blanchard. Le vignoble en a besoin et peut les encaisser. Nous avons de la marge avant qu’un excès d’eau disponible dans les sols ne dégrade l’état sanitaire pour l’heure excellent. » Ce retour à un temps océanique devrait aider les baies pesant encore parfois moins d’un gramme à grossir et parfaire la qualité du millésime. « Les précipitations vont améliorer l’extractibilité de la trame tannique déjà très aboutie », s’enthousiasme David Pernet, ravi de la synchronisation entre maturités technologiques, aromatiques, et phénoliques, « avec des pépins bien mûrs du fait du parcours hydrique très contraignant depuis la fermeture de la grappe. »
Le consultant ne s’attend en revanche pas à des miracles concernant le rendement. « Il sera forcément faible pour différentes raisons dont la très mauvaise fertilité héritée de 2024 et les contraintes hydriques pré-véraison, explique-t-il. La pluie va éviter les flétrissements tardifs et pertes de récolte dans les derniers jours de vendanges mais les baies vont rester petites, comparables à celles de 2016, 2020, ou 2022. »