a canicule ayant fait progresser les maturités à une vitesse inédite, les vignerons languedociens ont accéléré les vendanges. « Ils ont eu raison, assure Alain Deloire, professeur expert en physiologie de la vigne retraité de l'Institut Agro de Montpellier devenu consultant. A partir du moment où les baies ont atteint le plateau de chargement en sucres, autour de 10% vol., 80 % des connexions avec la plante sont interrompues. Quand, suite à des vagues de chaleur sans pluie, comme celle que nous avons connue début août, elles flétrissent et se concentrent, il n’y a pas de retour en arrière possible, il faut vendanger sans attendre même si tous les paramètres ne sont pas alignés. » Suivre régulièrement le poids frais des baies est d’autant plus indispensable que les pertes peuvent être fulgurantes. « En 48 heures, 20 % de la récolte peut s’évaporer. »
A ce stade, Alain Deloire rappelle que l’irrigation n’inverse pas le processus de déshydratation des baies. « Elle reste cependant utile pour préserver les feuilles, faire durer la photosynthèse, et éviter un blocage total de la plante. » Avant une vague de chaleur, l’irrigation est également intéressante pour freiner la chute des feuilles basales, éviter la surexposition des grappes aux rayons du soleil et limiter l’échaudage. « Une fois que l’on sait tout cela, on comprend aussi l’efficacité de l’ombrage ou des applications de talc sur les baies. »
Autre solution : assumer des vendanges à faibles degrés. « Avec un itinéraire technique adapté au chai, on peut par exemple obtenir de très bons vins rosés correspondant à la demande du marché à partir de raisins récoltés autour de 9% vol., illustre Alain Deloire. Au delà des technologies permettant de mesurer l'évolution du volume des baies, il y a des indicateurs simples à suivre pour cibler la bonne fenêtre aromatique et limiter les pertes de récolte et la concentration excessive des baies. » Le consultant le dit et le répète, « il est possible de s’adapter au changement climatique. Le tout est de savoir ce qu’on fait et pourquoi on le fait. »