ous les vignerons n’ont pas attendu la publication par le Comité interprofessionnel du vin de Champagne (CIVC) des dates officielles d’ouvertures de la vendange ce 20 août. Voyant leurs raisins se charger en sucre et perdre en acidité, ceux de Montgueux dans l’Aube ont obtenu une dérogation de l’Institut national de l’origine et de la qualité (INAO) pour démarrer la veille. Vincent Faihy n’est pas surpris. « C’est souvent cette commune qui ouvre le bal avec du chardonnay. Ailleurs, les vendanges ne devraient vraiment démarrer que vers le 25 ou 26 août » commente le directeur technique du cabinet de conseil Viti-concept. Le plus inhabituel cette année a été la vitesse de maturation. « La véraison a été lente à se lancer comme c’est souvent le cas depuis une dizaines d’années, mais après tout est allé très vite. La vigne n’a ni souffert du stress hydrique ni des petits pics de chaleur à 35°C, rien ne l’a ralentie, si bien que certains jours les baies ont gagné plus de 0,4 degré d’alcool potentiel, un record », assure-t-il, calculant que depuis 10 ans, les vendanges ne démarrent en moyenne plus 100 mais 86 jours après la pleine fleur.
2025 rejoint donc 2011 à la troisième plus du millésime le plus précoce du 21ème siècle derrière 2020, avec de premiers coups de sécateurs donnés le 17 août, et 2003, avec un démarrage au 18 août. D’après les bans publiés par le CIVC, les dernières cueillettes débuteront autour du 4 septembre à Branscourt, dans la Marne, 3 jours avant les premières de 2024.
Dans beaucoup de parcelles, rien ne presse. « Comme en 2020 et en 2011, les maturités technologique et aromatique sont décalées. Pour l’instant les raisins se goûtent encore assez acides, les arômes fruités s’exprimeront davantage en début de semaine prochaine autour de 10,5 voire 11 de TAVP », indique Vincent Faihy, recommandant aux viticulteurs de faire preuve d’un peu de patience pour éviter les vins végétaux.
Attendre est d’autant plus facile que le vignoble est dans un très bon état sanitaire, complètement indemne de mildiou, et peu attaqué par l’oïdium. « Aujourd’hui seules 2 à 3% des grappes présentent des foyers de pourriture. Et comme la vigne n’a pas soif, sauf sur quelques terroirs argileux, les pluies annoncées la semaine prochaine ne devraient pas diluer et faire éclater les baies. »