oujours moins. C’est l’implacable conclusion à laquelle parviennent année après année les viticulteurs alsaciens. « La tendance baissière de la production est une réalité depuis 1988. Et le poids des grappes diminue depuis 2011 » constate Yvan Engel, responsable de la commission technique de l’Association des viticulteurs d’Alsace. Le phénomène touche en particulier les jeunes parcelles, le pinot noir, au contraire du pinot blanc qui lui en souffre le moins. Quels facteurs l’expliquent ? Yvan Engel avance « la sélection de clones moins productifs, caractérisés par de plus petites grappes, retenus dans les années 80 pour favoriser la qualité, l’enherbement de plus en plus prononcé, la sensibilité au décalage phénologique auquel le gewurztraminer par exemple semble particulièrement sensible ». Le dérèglement climatique s’ajoute à tous ces critères qui peuvent plus ou moins influer sur la vigne selon le secteur où elle pousse.
En 2025, la prévision de récolte établie par le service technique du Conseil interprofessionnel des vins d’Alsace (Civa) est particulièrement pessimiste. Elle s’élève à 768 114 hl à peine soit un petit 50 hl/ha en moyenne, 53 hl/ha pour le riesling, 63 hl/ha au mieux pour le pinot blanc. Elle devient alarmante pour le gewurztraminer, crédité de 40 à … 0 hl/ha selon la situation, soit 26 hl/ha en moyenne. « Les vignes portent autant de grappes qu’en 2024, mais le poids des baies s’avère de 30 % inférieur. Le stade de développement cellulaire des baies étant passé, il n’y aura pas de rattrapage » précise encore Yvan Engel. Certains viticulteurs attribuent le petit volume annoncé à l’initiation florale 2024 intervenue dans des conditions humides. « Cela a pu jouer. Mais la statistique montre bien que la baisse s’inscrit dans la durée » rappelle Maxence Klingelstein, du service technique du Civa.