es viticulteurs alsaciens aspirent à créer une nouvelle strate dans la hiérarchie de leurs vins comme l'a illustré l’assemblée générale de l’Association des viticulteurs d’Alsace ce 25 juillet à Colmar. L’appellation Alsace cru suivi du nom du lieu-dit doit s’intercaler entre deux appellations déjà en place : les 13 communales et les 51 grands crus. Les conditions de production comme la densité à 4 500 pieds/ha minimum ou le rendement à 55 hl/ha en blanc et 45 hl/ha en rouge ont moins interpellé certains participants que le profil des vins admis. Le cahier des charges en prévoit trois au maximum : un blanc sec non macéré (à moins de 4 g/l de sucre ou 9g/l si l’acidité totale n’est pas inférieure de plus de 2 g/l à la teneur en sucre), un vin moelleux limité au cépage gewurztraminer, ou un rouge qui ne saurait être que le pinot noir.


Des voix comme celle de Pierre Gassmann (Rorschwihr) se sont élevées pour fustiger un cadre trop restrictif qui « élimine de fait des vins demi-sec », qui « ne colle pas à tous les terroirs » et qui « entrave la diversité ». « Trop de modalités, c’est trop de diversité avec le risque d’un échec commercial » a répondu Jérôme Mader, viticulteur à Hunawihr, en charge du dossier à l’Ava. « Chaque cépage blanc y a accès du moment que son format est sec. Tout n’est jamais complètement figé » a rappelé Olivier Humbrecht, chargé en son temps du dossier grand cru. « La coopération n’est pas favorable à un tel projet, mais elle ne s’y oppose pas. Il faut vendre du vin si on ne veut pas crever » a complété Pierre-Olivier Baffrey, président de la Fédération des coopératives vinicoles d’Alsace.
L’option présentée a été adoptée par 60 voix pour, 16 abstentions et 7 contre. Sur le terrain, le chantier a déjà été lancé. Les sept premiers dossiers de terroirs* candidats à accéder à l’Alsace cru sont parvenus à l’Institut National de l'Origine et de la Qualité (INAO) fin juin 2025. La commission d’enquête est passée à la mi-juillet en laissant une longue liste de points à préciser. La suite du calendrier prévoit une délimitation au second semestre 2026 et la possibilité de premières revendications avec le millésime 2027.
*: Ces terroirs sont : le Schifferberg (Reichsfeld/Bernardvillé), le Mühlforst et le Windbuhl (Hunawihr), le Hagel (Ribeauvillé), le Linsenberg (Wihr-au-Val), le Pfoeller (Katzenthal) et le Breitenberg (Soulzmatt).