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rop fréquentes, les dégradations de parcelles viticoles se résument souvent à des ceps taillés à mort, des piquets volés, des fils sectionnés… Mais ce qui est tombé sur le viticulteur charentais Ludovic Jonquet au Sud d’Angoulême est inédit. Comme révélé par la Charente Libre, l’exploitant a découvert ce mardi 22 juillet sur la commune d’Asnières-sur-Nouère une parcelle de jeunes vignes ravagé, comme passée au rouleau compresseur : 300 pieds d’ugni blanc plantés en mai dernier sont désormais écrasés sur 15 mètres de large dans la diagonale de la parcelle, ouvrant un passage entre deux chemins de campagne (voir photos ci-dessous). Ayant porté plainte contre X ce mercredi 23 juillet pour dégradation volontaire, Ludovic Jonquet indique n’avoir aucune piste d’explication, mais tente de donner un sens à ce qui lui arrive : « ce n’était pas un rodéo agricole, mais la création d’un passage. Un rodéo aurait retourné la parcelle, mais il n’y a pas eu de gymkhana. Ce n’était pas un vol, ils ont enlevé 300 à 400 marquants et manchons qu’ils ont mis de côté. Ce n’était pas une vengeance ou de la jalousie, mais une action volontaire parce qu’il fallait qu’ils passent » esquisse le viticulteur en cru Fins Bois.
Les traces trouvées sur son terrain ajoutent au mystère : « on voit des roues jumelées et des roues simples de camions, mais pas de voitures, ou alors peut-être de 4x4. Je suis sûr qu’il y a eu un passage de camions, un convoi de 5 à 6 véhicules… Mais je ne sais pas pourquoi, ce chemin est un cul de sac. Un semi ne pourrait pas faire demi-tour » réfléchit Ludovic Jonquet, qui souligne aussi le monde nécessaire pour nettoyer un passage dans un plantier : « à trois, nous avons mis 5 heures pour remettre en état ce qui pouvait l’être. Pour tout enlever, il fallait du temps, de la dextérité et du monde. Et ça ne pouvait pas se faire de jour, le chemin est passant, cela a eu lieu de nuit. » S’il n’y a pas de chantier à proximité, une rumeur grandit dans le vignoble charentais : des manœuvres militaires auraient eu lieu dans la zone et le passage sauvage d’un convoi de l’armée permettrait de lever le mystère de cette parcelle écrasée. « Ce serait possible, mais je n’en sais rien » évacue Ludovic Jonquet.
Contacté, le ministère des Armées indique qu’il n’y a eu aucun exercice sur zone en juillet : pour le premier régiment d'infanterie de marine (1er RIMa), « il est confirmé que le dernier exercice en terrain libre (Barlerit 25) s’est bien déroulé du 21 au 27 mars et que Asnières-sur-Nouère faisait bien partie de la zone de manœuvre. Depuis, le 1er RIMa n’a plus effectué de manœuvre en terrain libre. Comme les pieds ont été plantés en mai 2025, le 1er RIMa ne peut pas être responsable de leur destruction. » Et concernant le 515ème régiment de transmission (515e RT), « l’autre régiment d’Angoulême, aucun convoi n’est passé par là non plus. »
Une certitude reste : le viticulteur charentais n’est pas seul à subir des dégradations malveillantes sur son vignoble. En déplacement ce 23 juillet dans l’Oise, les ministres de l’Intérieur et de l’Agriculture, Bruno Retailleau et Annie Genevard, rapportant plus de 15 000 atteintes aux biens remontées chaque année dans les exploitations agricoles. Qu’il s’agisse de « vols de matériel agricole, de cultures, d’animaux, de dégradations, de rodéos sauvages, rave-parties, etc. » précise un communiqué, annonçant que dans « les mois à venir, les deux ministères travailleront à simplifier le dépôt de plainte, notamment directement sur les exploitations agricoles. L’objectif est également de mieux informer les agriculteurs sur leurs droits et les recours existants, alors que beaucoup ne portent pas plainte aujourd’hui. » Pour inciter aux procédures, les ministres annoncent également qu’« un travail va être conduit avec les banques, assureurs et collectivités afin de mieux indemniser les agriculteurs victimes de dégradations massives (notamment suite à des rave-parties ou des rodéos), dont les pertes sont aujourd’hui difficilement prises en charge, même après dépôt de plainte. » Dernière proposition : « durcir les sanctions et mieux qualifier les infractions. Des pistes législatives sont également à l’étude, notamment à travers la proposition de loi portée par le député Xavier Breton, créant un délit d’entrave aux activités agricoles en cas d’intrusion dans une exploitation. »
Deux aperçus de la "piste" ouverte dans le plantier d'Asnières-sur-Nouère. Photos : Ludovic Jonquet.
