as moins de soixante-treize vignerons champenois bénéficient, pour le traitement de leurs effluents de cave, d’un contrat avec Suez qui offre une alternative intéressante à l’épandage dans les champs. En effet, ces effluents sont traités à la station d’épuration de Mardeuil, l’un des trois seuls sites au monde à mettre en œuvre un procédé d’oxydation par voie humide (OVH) visant à transformer les boues en remblai routier.
« Avec ce procédé, un déchet devient une ressource, qui est utilisée par l’agglomération d’Épernay depuis 2010, souligne Patrice Hofman, directeur du site. Cette valorisation évite la production de 24 tonnes de CO par an. »
Outre les soixante-treize chais, seize communes sont raccordées à la station de Mardeuil, qui traite annuellement environ 3,5 millions de mètres cubes d’eaux usées. « Nous récupérons également les eaux de ruissellement issues des coteaux viticoles, indique le directeur. Et lors des vendanges, la quantité d’effluents que nous traitons double, avec l’arrivée des eaux de lavage des cuveries. Notre station est pleinement intégrée à la filière Champagne. »
Une intégration qui se poursuit. L’an prochain, le site de Mardeuil va proposer un nouveau service aux vignerons : l’épuration de leurs effluents phytosanitaires. « Nous serons en mesure de collecter et de traiter les effluents des vignerons et des dix-huit aires de lavage collectives de notre secteur », annonce Patrice Hofman. Suez les collectera une fois par an ; une prestation qui devrait coûter environ 200 €/m3. Aux intéressés de se rapprocher de la société d’assainissement.
En Provence, c’est un tout autre un projet qui dispensera les vignerons d’épandre leurs effluents de chai. L’association des vignerons du mont Sainte-Victoire et Tenea Energies planchent sur la construction d’un méthaniseur à Peynier, dans les Bouches-du-Rhône, qui devrait entrer en fonction lors des vendanges 2027. Cinq caves coopératives et quelques caves particulières sont également de la partie.
Le coût de ce projet, dénommé MéthaValArc, s’élève à 7 millions d’euros. De quoi traiter « 12 000 tonnes d’effluents de cave (55 % du total), des couverts végétaux (25 % du total) et 4 000 tonnes de fumier équin (20 % du total) », précise Benoît Giraud, associé au sein de Tenea Energies.
« Ce projet est une solution pour nos effluents, indique Fabien Doudon, président de la cave Lou Bassaquet, à Trets. Actuellement, nous les épandons sur des cultures mais nous trouvons de moins en moins d’exploitations céréalières ou maraîchères qui acceptent de les accueillir. En outre, en contrepartie des effluents, nous bénéficierons du digestat produit lors de la méthanisation, ce qui devrait nous permettre de réduire le recours aux engrais chimiques. » Le vigneron table également sur une réduction du coût du traitement des eaux usées qu’il estime à 20 000 €/an pour sa cave, qui vinifie près de 45 000 hl/an. Les vertus de l’économie circulaire en pratique !
Thibaud Jourdan, président de la coopérative Les Vignerons du mont Sainte-Victoire, dans les Bouches-du-Rhône témoigne : « La méthanisation des effluents et des couverts végétaux est boucle de recyclage très intéressante. Les plans d’épandage classiques ne sont plus satisfaisants au niveau de l’image. Je sème des couverts végétaux depuis 2013, il était donc naturel pour moi de participer aux essais de mesure du potentiel méthanogène des couverts. Il reste encore des questions en suspens. On ne sait pas comment et à quel coût nous pourrons récupérer le digestat à épandre dans les vignes. On se renseigne auprès des fournisseurs d’engrais, voir s’ils peuvent éventuellement entrer dans la boucle pour la partie logistique. »