’Organisation Mondiale de la Santé poursuit son offensive contre l’alcool en publiant début juillet sa nouvelle Initiative "3 d’ici 2035", qualifiée de « majeure », qui s’appuie sur un argument imparable pour inciter ses Etats membres à « relancer les taxes sur les produits nocifs pour la santé ». L’Organisation fait miroiter, en effet, la manne financière considérable, chiffrée en « milliers de milliards », que pourraient toucher les Etats en augmentant de manière radicale les taxes sur ces trois catégories de produits.
Des arguments économiques incitatifsSoulignant presque autant les nouvelles recettes financières générées par une telle mesure que les bénéfices sanitaires, elle cite une « analyse récente qui indique qu’une augmentation unique de la fiscalité permettant de relever les prix de 50% pourrait générer jusqu’à 3,7 billions de dollars US de recettes nouvelles au cours des cinq prochaines années, soit une moyenne de 740 milliards $ par an ou 0,75% de PIB mondial ». De quoi séduire des gouvernements de plus en plus démunis sur le plan financier. L’Organisation pointe la hausse de la fiscalité sur le tabac dans près de 140 pays entre 2012 et 2022, « qui a conduit à une hausse de plus de 50% en moyenne des prix réels, démontrant ainsi qu’une transformation à grande échelle est possible ». De son côté, le Dr Jeremy Farrar, Sous-Directeur général de l’OMS chargé de la promotion de la santé, de la prévention et de la lutte contre les maladies, affirme que « Les taxes sur les produits nocifs pour la santé sont l’un des outils les plus efficaces dont nous disposons… C’est le moment d’agir ».
Avertissements sanitaires envisagés outre-Manche
Progressivement, ces arguments gagnent du terrain et contribuent à instaurer un climat propice à un durcissement de la réglementation et de la fiscalité sur les boissons alcoolisées. À titre d’exemple, le gouvernement britannique vient de dévoiler son plan « Fit for the Future », une feuille de route visant à améliorer la santé des Britanniques au cours de la prochaine décennie. Il y affirme son intention de « renforcer et d’élargir le cadre volontaire actuel portant sur l’étiquetage des boissons alcoolisées en instaurant une obligation légale d’apposer des informations nutritionnelles cohérentes et des avertissements sanitaires ». Le texte fait le rapprochement avec le tabac, l’alimentation et les boissons non alcoolisées, « tous soumis à des informations nutritionnelles et sanitaires plus détaillées que l’étiquetage des boissons alcoolisées ». Il insiste également sur le fait que « les avertissements sanitaires obligatoires se sont montrés efficaces pour lutter contre l’abus d’alcool dans d’autres pays, dont la Corée du Sud ».
Par ailleurs, pour encourager le développement des boissons No-Low, le gouvernement britannique entend lancer une consultation pour envisager l’augmentation du seuil d’alcool maximum des boissons qualifiées de « sans alcool » pour le passer à 0,5% et l’aligner sur les normes internationales. Dans le même temps, le gouvernement souhaite « étudier les moyens de restreindre l’accès aux produits No-Low afin qu’ils soient assimilés aux boissons alcoolisées, notamment en ce qui concerne l’interdiction de vente aux mineurs ». A travers le monde, de plus en plus de voix s’élèvent pour dénoncer la normalisation de la consommation d’alcool que peuvent entraîner les produits faiblement alcoolisés et sans alcool – un phénomène qui pourrait conduire à l’instauration de règlementations plus strictes en la matière.