près un renvoi d’audience ce printemps, le tribunal de Châlons-en-Champagne a tenu ce 19 juin le procès pour traite d’êtres humains des prestataires de services ayant imposé des conditions de travail et d’hébergement indignes à 57 travailleurs étrangers du 8 au 15 septembre 2023 à Nesle-le-Repons (Marne). Les poursuites faisant état de traite d’êtres humains, travail dissimulé, emploi d’étrangers sans autorisations, rémunérations insuffisantes/inexistantes et conditions d’hébergement indignes. Soit « les vendanges de la honte » selon le terme utilisé par la CGT Champagne, qui rapporte de la fourniture de « nourriture avariée, des couchages de fortune, des douches insalubres, l’état répugnant des toilettes, des sanitaires et lieux communs, des installations électriques défectueuses… et pour certains sans rémunération. » Comme lors de l’affaire de traite d’êtres humains à Oiry en 2018, la CGT est partie civile (aux côtés notamment du Comité Interprofessionnel du Vin de Champagne, de la Ligue des Droits de l’Homme ou de la Mutualité Sociale Agricole).
Dénonçant un système organisé, le substitut de la procureure de la République, Jean-Philippe Moreau, a requis des peines de 4 ans de prison (dont deux avec sursis) et 300 000 € d’amende à l’encontre de la gérante de la société de prestation (propriétaire du lieu d’hébergement insalubre), 3 ans de prison (2 avec sursis) et 100 000 € d’amende pour les deux recruteurs (agissant à Paris), la dissolution de la société de prestation et 200 000 € d’amende pour la coopérative viticole ayant eu recours à la prestation rapporte FranceBleu. « Les travailleurs étaient logés dans des conditions épouvantables dans cette maison vétuste à Nesle-le-Repons, au sud-ouest de Reims » rapporte RFI, pointant que « durant plusieurs jours, ils ont été sous-alimentés, alors qu'ils travaillaient dix heures par jour en pleine canicule, jusqu'à l'intervention de la gendarmerie prévenue par un riverain ».
Le tribunal doit rendre sa décision ce 21 juillet.