lle a arpenté pendant des semaines les vignobles d’une vingtaine de communes, sur deux départements, à la recherche de ces vignes abandonnées qui suscitent tristesse et inquiétude parmi les vignerons. Louise Trichet est étudiante en master géographie aménagement environnement et développement à l’université de Poitiers. Depuis mars dernier, elle travaille sur les vignes en friches en Loir-et-Cher et en Indre-et-Loire, dans le cadre d’un stage de six mois. Une initiative lancée par l’ODG Touraine, alerté par la progression de vignes délaissées dans la vallée du Cher, et qui a été étendue à toutes les AOC adhérentes des fédérations viticoles FAV 37-72 et FAV 41, qui financent le projet. Les chambres d’agriculture des deux départements sont également impliquées dans cette action.
« Les surfaces de vignes en friche représentent environ 100 ha en Loir-et-Cher, et une cinquantaine d’ha en Indre-et-Loire », indique Louise Trichet, aidée dans ses repérages sur le terrain par des vignerons et des ODG. L’étudiante a vu des parcelles abandonnées depuis longtemps, et d’autres vignes plus récemment délaissées, notamment par des vignerons dépassés par les difficultés techniques et économiques, ou non reprises suite à des départs à la retraite. Les friches sont notamment présentes en AOC Bourgueil, où elles représentent une menace dans ce vignoble atteint par la flavescence.


« Des vignerons ont honte d’être dans une situation économique difficile, et ils savent que leurs parcelles en friches peuvent être un danger », constate Louise Trichet. « Les friches ne doivent pas être un tabou, et les personnes concernées peuvent se faire accompagner », souligne Marie Refalo, directrice de l’ODG Touraine jusqu’à récemment et désormais engagée dans une nouvelle aventure professionnelle.
Suite à cet inventaire, Louise Trichet planchera sur un plan d’actions avec un comité technique d’élus des fédérations viticoles 37-72 et 41 et les chambres d’agriculture. « L’outil réglementaire miracle n’existe pas encore, il faudrait aussi un arsenal incitatif », note Marie Refalo. Louise Trichet, qui prépare un mémoire sur les friches, souhaiterait par ailleurs recueillir d’autres regards sur le sujet : « des chasseurs, des naturalistes peuvent avoir des idées et enrichir les réflexions ».