itisphere lu par… Stéphane Derenoncourt, figure iconoclaste de la filière vin dont il est un consultant star dans le monde entier (ayant fondé Derenoncourt Consultants en 1999, qu’il a cédé à ses associés en 2023), un vigneron ancré dans le vignoble de Bordeaux (domaine de l’A à Castillon) et une voix forte secouant les totems techniques et commerciaux (avec une parole d’autant plus libre qu’il est autodidacte et agit en marginal). Revenant sur l’actualité traitée par Vitisphere pour les 25 ans du site, Stéphane Derenoncourt se définit comme « un lecteur assez assidu des chroniques de Vitisphere » pendant la pause-café du matin. Mais le vigneron ne cache pas que « cela m’a pris du temps, car au départ je n’aimais pas beaucoup les titres un tantinet racoleur qui me rappelait les mauvaises presses à scandale de ma jeunesse. Mais très vite je me suis rendu compte qu’il devait être difficile de se faire remarquer et d’intéresser la curiosité des lecteurs sans titres percutants. Signe d’époque aussi. » Quoique le débat entre forme aguicheuse et fond instructif soit assez inhérent aux organes de presse : « un journaliste est d'abord un homme qui réussit à se faire lire » écrivait un autre vigneron bordelais, François Mauriac.
Pour en revenir à Vitsphere, « à vrai dire, ce que j’aime, c’est le traitement des informations à chaud et surtout la pertinence des intervenants, des interviewés, qui sont dans le cœur du sujet et qu’on n’entend pas forcément souvent » salue Stéphane Derenoncourt, qui l’illustre avec « l’un des articles qui m’a percuté, voire inspiré pour mes réflexions personnelles sur la situation à Bordeaux est celle d’un homme que je ne connais pas, Philippe Tapie, lorsqu’il expose son point de vue sur la campagne primeur 2023 et les conditions de réussite de celles à suivre ». Il s’agit de l'interview de juillet 2024 du négociant Philippe Tapie, le président du syndicat Bordeaux Négoce, revenant sur le rendez-vous manqué de la campagne des primeurs 2023 : « on est passé à côté de la campagne. Et ça, c'est très décevant. Il y a un décalage qui s'est opéré alors que la propriété a envoyé un signe de correction de prix significatif » indiquait Philippe Tapie, notant que « ce signe était indexé sur des repères qui ne sont pas bons. Sur des référents qui étaient déjà hors marché » et plaidant pour un sursaut de la propriété, du courtage et du négoce pour « sauver le soldat primeur » qui assure la spécificité de la place et des grands vins de Bordeaux.
« Un récit brillant, visionnaire et responsable comme on n’en entend que trop peu » salue Stéphane Derenoncourt, « notant que ce monsieur préside le négoce girondin, cet article a fait ma journée, m’a donné beaucoup d’espoir tant je partageais la majeure partie de ses propos ».