rançois Ballouhey, conseiller à la chambre d’agriculture de Dordogne dresse un tableau équilibré de cette avancée du millésime en ce début juin : « les vignes sont moyennement poussantes alors que l’an dernier la vitesse à laquelle elles progressaient, provoquaient des difficultés pour effectuer les travaux culturaux. Cette année, les conditions climatiques ont permis un bon travail cultural. Les vignes sont en bon état et bien entretenues » indique-t-il.
En termes de perspectives de rendement, le conseiller viticole observe des sorties d’inflorescence modestes sur les cépages blancs et note de belles sorties sur les rouges. Mais « il faut attendre la fin de la nouaison pour se prononce plus précisément ».
Sorties de mildiou
Cependant, c’est l’incertitude coté phyto. La crainte du mildiou est là. Des orages et des pluies ont touché régulièrement le vignoble depuis le 20 avril dernier. Trois passages orageux ont été enregistrés sur les deux premières semaines de mai. Des pluies cadencées tous les huit jours qui ont permis de mettre en œuvre les traitements de protection. Cependant l’orage du 19 mai qui a donné jusqu’à 80 millimètres au sud-ouest de la Dordogne, va laisser des traces. On observe déjà des sorties de symptômes de mildiou.


À Razac-de-Saussignac, Thierry Daulhiac, n’est pas mécontent : le millésime 2025 se présente bien. Pour ce viticulteur à la tête de château Le Payral (15 hectares en biodynamie et en AOC Bergerac et Saussignac), les clignotants sont au beau fixe : en ce début juin, au stade de la fleur, les sorties sont homogènes. Il n’y a pas eu de gel. Et le coup de chaud enregistré le 29 et 30 mai (31°C) n’a pas donné une poussée trop forte : « La pousse est régulière et tranquille » note-t-il. Du côté de la pression phyto, pas de taches de mildiou pour l’heure, alors que lors des deux derniers millésimes, à la même date, on observait des taches et au final un mildiou très compliqué à gérer. En revanche les traitements sont en avance : « le 11 avril dernier, on a démarré les traitements, c’est très précoce. Je suis à six traitements ». Reste qu’il n’est pas à l’abri de l’assaut du mildiou.
Friches en embuscade
Conséquence des difficultés dans la filière, sa propriété est cernée par des vignes abandonnées. 50 ha d’un côté, abandonnés depuis trois ans, du fait de la liquidation judiciaire de la propriété. De l’autre, ce sont 8 ha qui enfin viennent tout juste d’être arrachées. Un peu plus loin, 4 autres hectares ne sont plus entretenus. Les premières taches de mildiou apparaissent. « Cela fait des réservoirs de spores de mildiou. Et du coup la question des doses permises de cuivre, se pose. La limitation à 4 kg par ha et par an est préjudiciable dans ce cas de figure » martèle Thierry Daulhiac.
En termes d’enjeux climatiques, le viticulteur, a subi comme beaucoup un épisode de grêle en avril dernier. Plus de peur que de mal. Un ilot de 6 ha a été impacté. Les feuilles ont été machées, mais il ne devrait pas y avoir d’incidence sur la récolte. Thierry Daulhiac voit d’un bon œil les rendements à venir : « Mon objectif est à 50 hectos /ha. Ça devrait le faire » assure-t-il, confiant.