a reproduction sexuée du mildiou donne lieu à la formation d’oospores dans les feuilles. Une fois au sol, ces œufs d’hiver peuvent survivre 5 ans en attendant des conditions propices à son développement.
Dans le cadre du projet Profil, des chercheurs bordelais ont tenté de détruire cet inoculum primaire par compostage. Après avoir vérifié en laboratoire que l’augmentation de la température générée par la décomposition de la matière organique suffit à supprimer la capacité germinative des oospores, ils ont collecté des feuilles de vigne contenant des oospores et les ont réparties dans des sachets de toile enfouis à différentes profondeurs d’un tas de compost de 50m3 composé majoritairement des sarments et de déchets de tonte, retourné et arrosé mensuellement.
« Douze échantillons ont été maintenus dans le compost pendant 3 mois, de mars à mai 2023, douze autres durant 4 mois jusqu’à juin, et six sachets de broyat de feuilles issus du même lot ont été placés en conditions naturelles au sol à proximité du tas en tant que témoins », décrivent les chercheurs dans un article publié dans la revue Ives. Le compost a atteint 60 °C en moyenne à son lancement et s’est maintenu au-dessus de 50 °C pendant deux mois. Les températures ont ensuite diminué, oscillant entre 37 °C et 54 °C selon la zone, jusqu’à la sortie des premiers échantillons mi-mai. Au cœur du compost, la température n’est jamais descendue sous les 50 °C.
A la fin de l’expérience, les chercheurs ont évalué la capacité germinative des œufs d’hiver en plaçant les échantillons dans des conditions de température et d'humidité optimales et en piégeant les zoospores libérées avec des disques de feuilles de vigne sensibles. Ils n’ont observé aucune infection sur les disques pièges mis en contact avec les oospores placées dans le compost, quelles que soient la durée et la profondeur d’enfouissement, alors qu’environ 11% des sachets d’inoculum témoins restés au sol jusqu’en mai et 3% de ceux restés jusqu’en juin ont libéré des zoospores.
« Le compostage des feuilles de vigne extraites des parcelles à l’automne semble ainsi être efficace pour limiter le pouvoir infectieux de l’inoculum primaire du mildiou de la vigne et d’envisager une restitution de la matière organique assainie au vignoble », assurent-ils. La mise au point d’une méthode de défoliation mécanique sur des surfaces significatives et des travaux sur les effets induits sur la physiologie de la vigne et la qualité de la récolte sont en cours.