a filière vin traverse une PFAS difficile face aux titres anxiogènes qui s’abattent sur elle après la publication d’une étude dosant un des polluants éternels (per- et polyfluoroalkylées : les PFAS), l’acide trifluoroacétique (TFA) : "le TFA, de la famille des PFAS, détecté dans des bouteilles de vin à un niveau record" pour RMC, "Vin : un polluant éternel, le TFA, détecté dans des bouteilles à des niveaux records, des crus français parmi les pires" chez Sud-Ouest, "Vino, l’allarme di Pan Europe: Allarmante impennata di TFA nelle bottiglie Ue" de l'autre côté des Alpes pour La Repubblica, "‘Alarming’ increase in levels of forever chemical TFA found in European wines" outre-Manche pour The Guardian… On peut véritablement parler d’une info PFAS partout… Mais reprise de manière plus sensationnaliste et alarmiste que le communiqué orignal du consortium d’ONG environnementale qu’est le Pesticide Action Network Europe (PAN Europe), qui se limitait à un constat de concentrations de TFA augmentant sur sa cinquantaine d’échantillons pour demander le retrait des phytos contenant des PFAS. Légère méthodologiquement (n’ayant aucune valeur statistique), l’étude se révèle surtout être partisane dans ses conclusions trop peu étayées pour les membres de la filière vin ayant pris le temps de l’analyser.
Oubliant les pincettes, le traitement médiatique de cette étude en est resté à la montée en épingle d’une alerte sanitaire sans explorer les questions évidentes : pourquoi est-ce que ce sont les vins qui sont analysés après l’eau et pas d’autres boissons plus consommées (jus de fruit, laits ou sodas) ? Pourquoi seulement des vins européens ? Pourquoi si peu d’échantillons ? Pourquoi relier exclusivement le TFA à des PFAS issus de phytos alors que les preuves manquent concrètement ? Quels sont les risques sanitaires de ces traces de TFA dans les vins ? Des interrogations qui n’ont globalement pas été traitées, de nombreux médias servant de simples PFAS plat à un communiqué portant une info ni digérée ni expliquée… Si ça PFAS pour un traitement putaclic de l’actualité, ça casse pour l’image d’une filière déjà attaquée de toutes parts. Pourtant, le vin n’aboie pas, mais la caravane PFAS.
Alors que la force du lobby du vin alimente les fantasmes des associations hygiénistes, il faut constater que la filière vitivinicole française brille par son absence de réponse institutionnelle forte et rapide. Il fallait pourtant de la pédagogie et des explications d’experts pour comprendre les enjeux et voir ce qu’il en est réellement de la dangerosité du TFA au-delà des résumés anxiogènes répétés sans recul. Il est vrai que les questions sanitaires sont très complexes, et que l’on peut craindre que l’appel à la modération dans les analyses soit emporté par une PFAS d’armes… Mais de là à ne pas prendre la parole, c’est un manque criant de structuration dans la communication de crise pour une filière ne manquant pourtant pas de syndicats et d’organisations. Les seules communications officielles arrivées sur le sujet viennent de Bruxelles, avec l’Assemblée des Régions Européennes Viticoles (AREV) et le Comité Européen des Entreprises Vins (CEEV), qui prennent acte d’analyses posant de réelles questions, mais nécessitant davantage d’investigations plutôt que de se laisser emporter par la seule émotion anesthésiant toute réflexion. Et ne conduisant qu'à des interdictions sans solution.
Alors, qui protège la protection du vignoble ? Les enjeux phytos étant clés pour l'avenir de la production, et des rendements, de vins, la filière doit se saisir de la question concrète de leur protection alors qu'ils sont attaqués par des décisions purement administratives (comme l'apprenait le webinaire de Vitisphere La Vigne) nécessitant de judiciariser les dossiers (sous peine de voir filer les molécules). Pour l'instant, un ange PFAS...