n 2019, Jean-Luc Bourbon visionne par hasard une vidéo de tondeuses interceps. Bluffé par le résultat, il investit l’année suivante dans une paire de trèfles Balligand, des interceps composés de trois petites tondeuses disposées en trèfle. Plus de problème d’érosion, plus de terre qui colle aux outils, et des cavaillons propres en un seul passage. Le vigneron est conquis. En 2022, il range définitivement ses lames, disques et doigts pour travailler la ligne des souches.
Installé à Theizé-en-Beaujolais, il cultive 17 ha de vignes en bio depuis une dizaine d’années. « J’ai d’abord investi dans des lames Cutmatic Boisselet, puis j’ai acheté des disques Braun et des doigts Kress, des outils qui se sont révélés peu adaptés à nos sols argilo-calcaires, explique-t-il. Chez nous, quand il pleut, la terre est très amoureuse : elle colle aux outils. Et quand il fait sec, elle durcit comme de la pierre et les outils ne rentrent plus dans le sol. On a donc des laps de temps très courts pour intervenir. Et quand les conditions sont bonnes, les lames peuvent soulever autant de terre qu’elles le peuvent, s’il pleut dans les heures qui suivent, les herbes repartent. Avec les disques, on a d’autres problèmes : ils projettent de la terre dans le rang, ce qui accentue l’érosion dans les coteaux et complique la tonte des interrangs. »
Les deux premières années après avoir remisé ses outils de travail du sol, Jean-Luc Bourbon a passé les trèfles Balligand trois fois dans la saison : début avril, mi-juillet et juste avant la vendange. Mais l’an dernier ce fut une autre paire de manches. « Il a tellement plu que j’ai dû tondre cinq fois, indique-t-il. Le principal inconvénient de l’enherbement sous le rang, c’est la concurrence avec la vigne. Les premières années, ça se ressent sur les rendements. Mais petit à petit, la vigne puise ses ressources en profondeur et les vins deviennent plus aromatiques. Je récolte un peu moins mais je valorise mieux mes bouteilles. » Un atout indéniable pour ce vigneron qui vend 100 % de sa production en bouteilles.
Même changement de pied pour Nelly Buttignol, à la tête d’un domaine de 150 ha à Saint-Félix-de-Foncaude, en Gironde. En 2020, elle décide de convertir 50 hectares à l’agriculture biologique. L’année suivante, elle s’équipe d’une paire de lames interceps hydrauliques RadiusSL et de disques émotteurs Clemens, en bénéficiant de 40 % de subventions.
« On réalisait un premier buttage avec les disques émotteurs, à la mi-mars puis on passait les lames trois semaines plus tard, explique-t-elle. Sur le papier, ça devait très bien fonctionner mais sur le terrain, c’était beaucoup plus compliqué. Avec les lames, il est difficile d’avancer à plus de 3 km/h. Au total on a dû faire jusqu’à six passages d’interceps, en alternant disques émotteurs et lames hydrauliques. Malgré cela, il y avait toujours de l’herbe sous le rang. »
En 2023, Nelly Buttignol, range ses lames et des doigts pour investir dans un gyrobroyeur équipé de brosses interceps Aedes et reprend le contrôle de la situation. « Depuis, on passe deux fois sur les 50 ha et une troisième fois au besoin, juste avant la vendange, pour éliminer les érigérons, indique-t-elle. Lors du deuxième passage, en un seul coup, le cavaillon est propre et les pieds sont épamprés. Mais les brosses ne font pas le même travail que des lames et les adventices finissent par concurrencer à la vigne. Pour compenser, j’apporte 500 kg d’Orgavista, un engrais 4-3-3 sous le rang en hiver et régulièrement du purin d’ortie sur le feuillage en saison. » Quant à ses lames, Nelly Buttignol les réserve désormais à ses plantiers, qu’elle tient à désherber le plus soigneusement possible.