menu burger
Lire la vigne en epaper Magazine
Accueil / Gens du vin / Une vigneronne empêchée de travailler par celui qui l’a violentée : c'est légal mais pas moral pour l’État
Une vigneronne empêchée de travailler par celui qui l’a violentée : c'est légal mais pas moral pour l’État
Lire plus tard
Partage tweeter facebook linkedin

Promis Jura
Une vigneronne empêchée de travailler par celui qui l’a violentée : c'est légal mais pas moral pour l’État

Tombant de mal en piège administratif, la vigneronne victime d’un mari violent a pu être aidée par la préfecture du Jura pour desserrer l’étau qui l’enserrait du Groupement Agricole d'Exploitation en Commun. En attendant une évolution réglementaire ?
Par Alexandre Abellan Le 27 avril 2025
Lire plus tard
Partage tweeter facebook linkedin
Une vigneronne empêchée de travailler par celui qui l’a violentée : c'est légal mais pas moral pour l’État
Comment une femme peut-elle être interdite de travailler par celui qui l’a violentée ? En étant vigneronne en GAEC. - crédit photo : Adobe Stock (Vastram)
C

’est un article qui a ému autant qu’il a interpellé dans la filière vin et au-delà : le témoignage de Marguerite (le prénom a été changé), une vigneronne du Jura victime de violences conjugales se retrouvant coincée dans le Groupement Agricole d'Exploitation en Commun (GAEC) qu’elle a créé dans les années 2010 à 50/50 avec son ex-conjoint (qu’elle a quitté en 2022). Ne pouvant se dégager de ce GAEC faute de dissolution validée par les deux associés, elle est également empêchée de trouver un emploi à plein temps comme le GAEC oblige les associés à un travail exclusif et permanent (article 323-7 du Code Rural). Ayant témoigné lors du premier salon de l’association féministe Paye Ton Pinard, Marguerite rapporte avoir reçu « énormément d’encouragement, d’écoute et beaucoup de sidération. On me demande si c’est vrai. Si j’en parle, c’est parce que c’est possible. Ce n’est pas du blabla, cette situation est totalement grotesque. »

Ce que confirme la préfecture du Jura. Sollicités par Vitisphere, les services départementaux de l’État confirment que « la législation actuelle ne prévoit pas de dispositions particulières concernant la dissolution d'un GAEC dans un contexte de violences intrafamiliales ». Mais la préfecture peut faire bouger le statu quo grâce à l’article 323-21 du Code Rural, qui ouvre la possibilité d'un retrait d’agrément du GAEC en l'« absence de décision collective des associés sur l'accord à titre temporaire des dispenses de travail ou lorsque les associés du groupement ne participent plus effectivement au travail en commun » indique l’administration. Portée par le préfet, la décision de « retrait d'agrément a des conséquences au niveau social (l’Activité Minimum d'Assujettissement est déterminée en tenant compte du nombre d'associés) et fiscal (les plafonds du crédit d'impôt en faveur de l'agriculture biologique ou pour les dépenses de remplacement temporaire de l'exploitant agricole sont multipliés par le nombre d'associés), ainsi que sur les aides d’État (le plafond d’aide de minimis de 50 000 € sur trois exercices est porté sur la base du nombre d’associés présent dans le GAEC) ».

Avoir la bonne interlocutrice

Au terme de la procédure prévue, l’agrément fiscal du GAEC a été retiré par la préfecture du Jura, ce qui a permis à Marguerite d’accéder à un tiers de temps (536 heures maximales annuelles). « Je ne peux qu’être satisfaite par l’intervention de la préfecture qui a été essentielle. Cela m’a permis de pouvoir retravailler, mais seulement un tiers temps » indique Marguerite, « sans Stéphanie Deblaere, la déléguée départementale aux droits des Femmes et à l'Égalité, je ne travaillerai pas du tout. Il faut avoir la bonne interlocutrice pour avancer, sinon on reste à attendre. »

Indiquant être « conscient de la particularité de ce type de situation », la Direction Départementale du Territoire du Jura (DDT 39) indique avoir travaillé avec la Déléguée Départementale aux Droits des Femmes au lancement d’« un groupe de réflexion avec des opérateurs du monde agricole pour réfléchir à un outil d'accompagnement à la dissolution d'un GAEC ». Une révision réglementaire pouvant relâcher l’étau de ces situations ubuesques. « En outre, à la demande du préfet [NDLA : Pierre-Édouard Collieix], une vigilance est portée sur ce type de dossiers, notamment en termes de délais de traitement » poursuit la préfecture de Lons-le-Saunier, pointant que « la cellule mal-être agricole peut également être une ressource sur des aspects juridiques, financiers ou humains. »

Beaucoup de paysannes renoncent

Mais « ces procédures sont longues et coûteuses pour faire valoir ses droits et son travail » témoigne Marguerite, partageant son impression que « beaucoup de paysannes renoncent [à se battre et faire valoir leurs droits] et préfèrent tout claquer et partir ». Fin mai, Marguerite doit voir prononcer son divorce et se tenir l’audience sur la dissolution du GAEC.

Vous n'êtes pas encore abonné ?

Accédez à l’intégralité des articles Vitisphere - La Vigne et suivez les actualités réglementaires et commerciales.
Profitez dès maintenant de notre offre : le premier mois pour seulement 1 € !

Je m'abonne pour 1€
Partage Twitter facebook linkedin
Tous les commentaires (1)
Le dépôt de commentaire est réservé aux titulaires d'un compte.
Rejoignez notre communauté en créant votre compte.
Vous avez un compte ? Connectez vous
CocoVin Le 22 mai 2025 à 12:29:34
Et pourquoi donc le nom du mari-vigneron violent n'est donc pas cité ? Balance ton porc certes, mais balance son nom ne peut pas faire de mal à l'entourage du loustic...
Signaler ce contenu comme inapproprié
vitijob.com, emploi vigne et vin
Gironde - Stage Château les Carmes Haut-Brion
Gironde - Stage SCEA DOMAINE DE SAINT AMAND
Gironde - Stage SCEA DOMAINE DE SAINT AMAND
Var - CDI Les Vignerons de saint Romain
La lettre de la Filière
Chaque vendredi, recevez gratuitement l'essentiel de l'actualité de la planète vin.
Inscrivez-vous
Votre email professionnel est utilisé par Vitisphere et les sociétés de son groupe NGPA pour vous adresser ses newsletters et les communications de ses partenaires commerciaux. Vous pouvez vous opposer à cette communication pour nos partenaires en cliquant ici . Consultez notre politique de confidentialité pour en savoir plus sur la gestion de vos données et vos droits. Notre service client est à votre disposition par mail serviceclients@ngpa.fr.
Gens du vin
© Vitisphere 2025 -- Tout droit réservé