’est un témoignage aussi courageux que marquant : celui d’une vigneronne gardoise révélant à France 3 Occitanie de multiples agressions sexuelles et comportements inappropriés qu’elle subit depuis 8 ans d’autres vignerons ou de clients. « Quotidiennement, il y a de la misogynie. Mais ça, à la rigueur, ça ne va pas m’empêcher de dormir. Ça ne va pas me faire peur, me faire changer de travail. Mais les agressions, c'est autre chose » confie-t-elle, témoignant à visage découvert pour que la honte change de camp. Un courage qui en impose et qui l'expose, d’autant plus dans le microcosme de la production et de la commercialisation de vin.
« Ce n’est pas anodin de témoigner d’agressions sexuelles » pose la vigneronne Isabelle Perraud, la porte-parole de l’association Paye Ton Pinard, qui recueille et partage de nombreux témoignages d’agressions sexuelles dans la filière vin : « quand les femmes dénoncent des violences sexuelles, on dit souvent d’elles qu’elles le font pour se mettre en avant, mais on ne se rend pas compte des conséquences qu’il y a à parler en son nom. Il y a une vraie mise en danger. Elles s'exposent à des réactions quelquefois très malveillantes. »
Depuis le mouvement de libération de la parole MeToo, « on demande aux femmes de parler et d’aller porter plainte, mais c’est un second traumatisme. Elles sont souvent maltraitées à cause d’une culture du viol très ancrée » analyse Isabelle Perraud, rapportant que « toutes les femmes que je connais qui ont parlé ne le font pas pour elles-mêmes, mais pour que ça s’arrête. On parle pour protéger les autres femmes, d’éventuelles futures victimes. Quand on décide de parler, on se dit qu'on en a assez d'avoir peur, que la peur doit changer de camp, mais c’est très délicat et on n’a pas envie d’être reléguée au statut de victime. »


Aussi délicats qu’essentiels pour faire filière, ces sujets seront au cœur d’une table ronde de l’association Paye Ton Pinard, qui organise son premier évènement samedi 5 et dimanche 6 avril prochains à Belleville-en-Beaujolais (Rhône). Baptisé "on lève son verre et on se casse !", le salon réunira une quarantaine d’exposantes pour parler et partager dans un cadre festif, avec stand-up, DJ set et tatouages (réalisés par Walpurgink). Une fête pour la défaite des VSS. « Les violences sexuelles ont toujours existé, mais personne n’en parlait, si bien que chacune pensait être la seule à en être victime » partage Isabelle Perraud, pour qui « depuis Metoo et la libération de la parole, les victimes ressentent le devoir d’en parler pour protéger les autres et mettre un stop à cet engrenage. Pourtant les procédures judiciaires sont très longues, très coûteuses, traumatisantes, et peu de victime n’ont conscience ou connaissance de la violence que ces procédures engendrent pendant parfois presque 10 ans. »
L'affiche du premier rendez-vous de Paye Ton Pinard, présentée par une administratrice de l'association, Charlotte. Crédit Photo : Paye Ton Pinard.