Alexia Anglade : Il ne devrait pas y avoir de différence entre le leadership féminin et le leadership masculin. Ce sont les stéréotypes de genre qui induisent des différences de posture. En formation, j’aime utiliser l’image du sac à dos. Dans celui des femmes, on trouve souvent la douceur, l’empathie ou encore la générosité, alors que celui des hommes est plutôt pourvu d’ambition, de détermination ou d’audace. Et cela a un impact sur les comportements au travail ! C’est très bien d’être généreuse et empathique, mais ce n’est hélas pas avec ces qualités que l’on fait une carrière ! J’invite les femmes à développer leur potentiel d’ambition et de détermination. Ces qualités, elles les ont. Il suffit d’ouvrir ces poches du sac à dos et de les développer. Bien sûr, les hommes peuvent aussi être généreux et doux. J’aime bien mélanger les sacs à dos !
A. A. : Le plus difficile est de prendre conscience de ce qui bloque. Une fois cela fait, on peut mettre en place des petites astuces comportementales au quotidien pour oser. Je conseille, par exemple, de se poser tous les matins ces deux questions : qu’est-ce qui est important pour moi aujourd’hui ? Qu’est-ce qui dépend de moi ? Si on a une réunion avec son syndicat ou sa coop et que l’on souhaite faire passer un projet, ce qui dépend de soi est d’aller voir des alliés en amont pour s’assurer de leur soutien ou d’envoyer à tous et à toutes une note écrite avant la réunion pour mettre en avant sa position. Si on rencontre son banquier ou son comptable, c’est de préparer le rendez-vous avec des questions.
A. A. : Les hommes sont stratèges de manière plus « spontanée ». Je compare souvent l’entreprise à un jeu de société. Il faut lancer les dés et ne surtout pas passer son tour ! Il faut « jouer », c’est-à-dire oser prendre des responsabilités au sein de son exploitation, de son syndicat ou de sa coop… Je conseille aussi aux femmes de dire tous les jours à voix haute du bien d’elles : « aujourd’hui, je suis fière de moi, d’avoir réussi à… ».
A. A. : Je ne pense pas que pour un même dossier une banque accorde moins facilement un prêt à une femme qu’à un homme. Le problème vient des femmes qui ne demandent pas de financement, ou sous-évaluent leurs besoins. Les hommes osent davantage monter des projets qui exigent des financements plus importants.
A. A. : On aura l’égalité entre les femmes et les hommes au travail, quand on aura l’égalité dans le foyer. En effet, les femmes assument encore en moyenne 70 % des tâches domestiques ce qui laisse mécaniquement moins de temps et d’énergie pour déployer sa carrière.
A. A. : La première vertu des formations, c’est que les femmes se rendent compte qu’elles ne sont pas seules. Après la formation, elles continuent d’échanger, de s’entraider, de s’encourager. Elles osent plus et le disent au groupe : « sur mon exploitation, je prends désormais en charge l’export », « je suis entrée au sein du bureau de ma coop et j’ai pris la présidence de la commission Travail ». Elles se déploient et deviennent des modèles pour les autres !