es vignerons rhodaniens ont signalé Cryptoblabes gnidiella pour la première fois en 2021, « un millésime pour lequel les vendanges particulièrement pluvieuses ont permis le développement des champignons sur les blessures causées par le ravageur » se souvient Tristan Perchoc, consultant viticole pour l’Institut coopératif du vin (ICV). 2022 a été plus tranquille, « la chaleur ayant probablement eu un impact négatif sur les dynamiques de vol ». En 2023, Crypto n’a fait que des dégâts localisés, mais en 2024, « mauvaise surprise, on en a retrouvé beaucoup, y compris dans des secteurs sans historique. Seuls les raisins vendangés avant les pluies à la machine pour faire du vin blanc ou du rosé sont restés indemnes de dégâts », témoigne Tristan Perchoc.
Les vols de Cryptoblabes comme la sensibilité des parcelles étant très variables, « une parcelle infestée pouvant être voisine d’une parcelle du même cépage sans dégâts », l’ICV espère mieux comprendre la dynamique de ce ravageur en cours d’installation dans le vignoble en étoffant son réseau de piégeage. « Nous proposons l’équivalent d’un club « Cryptovigilant » ouvert à tous les vignerons intéressés par la problématique, pas seulement à nos clients », présente le consultant. L’ICV propose d’équiper chaque participant de trois pièges à installer dans des parcelles supposées sensibles. « A la fois des pièges classiques à phéromones et des pièges alimentaires, par exemple dans des parcelles vigoureuses, où la zone des grappes est relativement protégée en pleine végétation, où il y a de l’humidité à proximité… », illustre Tristan Perchoc.
En saison, les consultants de l’ICV effectueront eux-mêmes les relevés pour élaborer une cartographie dynamique, lancer des alertes, et donner un conseil à la fois collectif et individuel. « L’idée sera d’améliorer leur connaissance du cycle de Crytoblabes, de les aider à détecter l’insecte, à bien positionner leurs traitements, à bien régler leur matériel de pulvérisation, et de guider ceux qui le souhaitent dans l'utilisation d'alternatives à la lutte chimique. » En fin d’année, les consultants feront la synthèse de ce qui a bien et moins bien marché pour en tirer des enseignements. Ce nouveau service est facturé 350€ par participant, pièges compris. Pour étoffer son réseau, l’ICV va également échanger avec les distributeurs de phytos. « Au total pour cette campagne, nous devrions suivre 300 pièges », estime Tristan Perchoc.
Des réseaux similaires sont en train d’être constitués par ses collègues en Provence, dans le vignoble bitterois, et sur le littoral audois.