Il faut une meilleure gouvernance et travailler plus collectivement sur la connaissance des marchés. » Sandra Marsaud, députée EPR de la Charente est allée droit au but lors de la présentation à la presse, ce mercredi 9 avril à l’Assemblée nationale, du rapport qu’elle a rédigé Sylvain Carrière, député LFI de l’Hérault, sur les stratégies de marché de la filière vitivinicole. Un rapport qui pointe les énormes difficultés de la filière et qui fait quinze recommandations pour les surmonter.


Puis elle a évoqué d’autres recommandations avant de revenir sur son sujet par une formule que l’on a senti très sincère. « C’est mon cri de cœur : pour vous adapter munissez-vous d’observatoires. Nous vous soutiendrons, si nécessaire, dans les politiques publiques », a-t-elle déclaré s’adressant à la filière. Pour elle, il faut un observatoire national pour étudier l’évolution de la demande. Elle a plaidé pour « renforcer le rôle du Comité National des Interprofessions des Vins à appellation d'origine et à indication géographique (CNIV) pour produire de la donnée afin que toute la filière puisse en profiter et s’adapter. »
A plusieurs reprises, elle a appelé les acteurs de la filière à travailler davantage ensemble, entre régions, entre production et négoce et à s’inspirer du modèle champenois louant la réserve individuelle que cette région a mise en place.
S’agissant du CNIV, dans leur rapport les deux députés recommandent « d’envisager une évolution [son] statut pour en faire une interprofession nationale. » En précisant bien qu’il n’est pas question, pour autant, qu’il remplace les interprofessions régionales.
Sandra Marsaud a également beaucoup insisté sur la nécessité de développer les exportations. « La viticulture est un atout économique majeur pour la France, a-t-elle rappelé. C’est le troisième poste d’excédent commercial. L’exportation est un levier de croissance indispensable pour cette filière. »
Pour soutenir l’exportation, la députée a plaidé pour le renforcement du rôle de la diplomatie française dans la promotion de nos vins et spiritueux. Pour elle, il faut « prendre modèle sur l’Italie dont les ambassades et les diplomates font la promotion des vins sous l’angle de la gastronomie. »
Comment tenir compte du chamboulement provoqué par le président des Etats-Unis ? Sandra Marsaud n’a pas de solution miracle face aux difficultés que rencontrent les exportateurs au quotidien. Mais une conviction en faveur du libre-échange : il faut faire reculer les taxes, continuer à chercher l’ouverture des marchés. « Je ne suis pas sûre qu’on récupère quelque chose si on impose des taxes douanières, car on risque de tuer le marché international. »
A l’inverse, Sylvain Carrière, co-auteur du rapport « ne porte pas le libre-échange. Mais il ne faut pas aller dans la surenchère non plus, a-t-il déclaré. Il faut se servir des taxes pour aider les filières impactées. »
Si le député LFI s’est presque autant exprimé lors de la conférence de presse que sa collège EPR, il a semblé moins investi et moins proche de la filière viticole qu’elle. D’ailleurs, il a signé une proposition de loi visant à renforcer la loi Evin vis-à -vis des influenceurs. Un journaliste le lui a rappelé et lui a demandé si ce n’est pas faire le grand écart que de recommander de renforcer la promotion des vins à l’international, comme il est écrit dans le rapport, après avoir apporté sa signature à cette proposition de loi. Sylvain Carrière lui a répondu que cette proposition de loi vise à protéger la jeunesse, qu’elle ne durcit pas la loi Evin mais qu’elle reste dans son cadre. A peine avait-il fini de défendre sa position que Sandra Marsaud a repris la parole pour affirmer cordialement, mais fermement son « désaccord complet avec cette proposition de loi. ».
Autre question : ce rapport va-t-il déboucher sur une, voire des propositions de loi ? Réponse claire de Sandra Marsaud : « Il n’y en aura pas. Au Parlement ; nous sommes noyés sous les propositions de loi. » Parfaitement d’accord sur ce point Sylvain Carrière a enfoncé le clou : « ce rapport n’a pas vocation à se transformer en PPL. » Ainsi va la vie parlementaire.