onald Trump mettra-t-il de l’eau dans son 20 % de taxes sur les produits européens en général et les vins français en particulier dès ce 9 avril ? C’est un espoir de la filière vin de voir la Commission Européenne réussir à négocier une sortie de crise diplomatique levant les rétorsions et rouvrant le marché : une cure détaxe ? C’est surtout un devoir pour les exportateurs du vignoble que Bruxelles n’entraîne pas leurs bouteilles dans l’engrenage d’une guerre commerciale : il faut convenir qu’à chaque fois qu’il y a un différend commercial international, les vins et spiritueux sont les premiers à être embarqués par des conflits ne les concernant pas. Cibler le vignoble en cas de conflit commercial ? Un réflexe pavlovi(e)n… Comme en témoignent les cognacs et armagnacs en Chine, mais aussi les vins pris dans les menaces chinoises après les taxes européennes sur les panneaux photovoltaïques…
A chaque fois, un vent de panique a gelé des commandes et fait perdre des parts de marché qui n’ont souvent jamais été retrouvées. Ou alors au prix d’importants investissements. Les relations exports mettant de longues années à se tisser, mais se détricotant en un instant (un message présidentiel sur les réseaux sociaux suffit). Ce qui conduit les exportateurs à proposer de partager la prise en charge des droits de douane avec l’importateur pour ne par perdre le débouché si chèrement acquis… Si elle n’est pas explosive à 200 %, la mèche est désormais allumée outre-Atlantique, où « l’accès au marché américain est un privilège, pas un droit » annonce la Maison-Blanche. Ou plutôt la Raison-Flanche quand on voit les calculs de droits de douanes réciproques rejetés de toute part… Avec 20 % de droits de douanes sur tous les vins européens et 10 % a minima sur les autres vins importés, la situation semble moins catastrophique pour les vins français que les 25 % imposés sélectivement lors du conflit transatlantique Airbus/Boeing de 2019-2021. Il y a deux grandes différences qui changent tout : il y a 6 ans, la filière vin n’était pas fragilisée par des années de crises, s'enchaînant sans discontinuer, et le contexte économique était plus vaillant, ne menaçant pas de récession.
Arrivant comme la goutte qui fait déborder le vase des invendus, l’annonce de taxes Trump confirme la nécessité de diversification des marchés. Ceux de proximité étant évidemment à privilégier, mais leurs tendances ne sont pas au développement en volume et la pression concurrentielle est amenée à s'exacerber avec les barrières tarifaires américaines. Quand les destinations émergentes restent incertaines, sont déjà très convoitées et ne sont pas en capacité d’absorber les vins destinés au premier marché mondial, les États-Unis. De quoi exacerber le paradoxe qui pèse sur la filière vin : n'avoir aucune visibilité à court terme et devoir se projeter sur le long terme de vigne plantée pour durer plus qu’une administration américaine va-t-en-guerre et pinailleuse… Yes chicane.