« Clairement le mildiou est un sujet d’inquiétude (…) C’est un fléau destructeur de récolte (…) un rouleau compresseur », a insisté Véronique Blin, la présidente du conseil d’administration de Terroirs & Vignerons de Champagne (TEVC), le 19 mars à Chouilly en introduction de la 27 ème édition de Vignoble & Qualités, consacrée à la lutte contre ce parasite qu’elle organisait. En effet, selon les chiffres dévoilés par Sébastien Debuisson, directeur qualité et développement durable au Comité Champagne, le mildiou est responsable de 6,5 % de pertes annuelles de récolte en moyenne dans le vignoble, soit la deuxième cause de perte de rendement après le gel qui en provoque 8,2 %. Mais derrière cette moyenne se cache de fortes disparités selon les années avec des pertes bien plus importantes les années de fortes pressions : 10 % en 2012 ; 15 % en 2016 ; 25 à 30 % en 2021 et 20 à 25 % en 2024. Mais aussi selon les secteurs avec des pertes dépassant les 50 % (voire 90 % localement) dans la Vallée de la Marne, l’Ardre, le Massif de Saint-Thierry en 2021 et dans la Côte des Bars en 2024 (plus de 50 %).
Or ces pertes ont lieu dans un contexte où les rendements en Champagne ont baissé de 25 % en 15 ans à cause du vieillissement du vignoble. « On a donc beaucoup moins de marge de sécurité », a reconnu Sébastien Debuisson.
Pourquoi de telles attaques ? En premier lieu la météo avec des extrêmes climatiques plus marquées où l’on passe d’années très sèches comme ce fut le cas en 2020 (juillet le chaud jamais enregistré) à des années très pluvieuses comme en 2021 (juillet le plus pluvieux) . Ou encore comme en 2024 « où l'on a eu la campagne viticole la plus arrosée ». A cela s’ajoute une pharmacopée en déclin avec des produits multisites « en voie de disparition », et des unisites également moins nombreux et de plus en plus sujets à des résistances. Et il ne faudra pas compter sur l’arrivée de nouvelles matières actives efficaces. « Il n’y en aura pas dans les 5 ans à venir ». Quant au biocontrôle, excepté pour les phosphonates, leur efficacité est « aléatoire » selon le Comité Champagne alors que les viticulteurs y ont davantage recours.
« On a une pharmacopée moins efficace, moins sécurisante, moins diversifiée mais qui reste indispensable », a expliqué Sébastien Debuisson. Certes, comme l’a rappelé le directeur de la qualité et du développement durable au Comité Champagne, il y aura quand même des années sans mildiou et la Champagne peut compter sur sa réserve en guise d’assurance. Sans compter la création variétale qui apportera de nouvelles perspectives. Néanmoins « Avec moins de produits, moins de produits efficaces, plus de pertes de rendement, des solutions alternatives contraignantes, quelle que soit les certifications (HVE, VDC, bio…), le mildiou reste un problème majeur ! », a-t-il insisté.