Début de millésime arrosé

L’herbe pousse plus vite que la vigne ne débourre

a vigne prend son temps cette année. Dans les Pyrénées-Orientales, les parcelles de cépages précoces taillées dans le secteur du rivesaltais démarrent doucement. « Certains chardonnays ont sont au stade trois feuilles étalées, mais les bourgeons des muscats à petits grains sont juste en train de débourrer, avec dix à douze jours de retard sur 2024 », estime Laurent Duret, consultant viticole pour l'Institut coopératif du vin (ICV). Les cépages tardifs n'ont pas encore bougé. Les températures fraîches et les 90 à 150 mm de pluie cumulée depuis le début de l'année y sont pour beaucoup. « Il semble que la majorité des sols soient enfin rechargés. La situation est meilleure que l'an passé à la même époque. Les vignes qui ont survécu aux deux sécheresses d'affilée et qui n'ont pas été arrachées ont de l'eau, elles ont fait du bois, et semblent être dans de bonnes conditions physiologiques », se réjouit Laurent Duret.

Attention à ne pas laisser l'herbe tout gâcher. « Je vois des couverts végétaux plantés dans l'inter rang ou spontanés atteindre un mètre de hauteur, témoigne le consultant. Avoir de l'eau en début de campagne c'est bien, mais cela implique de l'entretien. Je conseille aux vignerons de rapidement les enfouir pour qu'ils ne dessèchent pas les 30 premiers centimètres du sol, on ne sait pas ce que la météo du printemps et de l'été nous réserve. »

Même topo dans l'Hérault

Dans l'Hérault, son collègue Thomas Gautier calcule une à deux semaines de retard sur 2024. Le consultant n'a pour l'heure vu que des chardonnays atteindre le stade pointe verte, sur des sols caillouteux et bien exposés. « Ailleurs, le débourrement pourrait tarder encore car les parcelles sont gorgées d'eau et vont mettre du temps à se réchauffer, d'autant qu'aucun redoux n'est annoncé, anticipe Thomas Gautier, également ravi de ces conditions de début de millésime. « Nous n'avions pas eu autant de pluie depuis 3 ans, c'est parfait pour la vigne, mais cela suppose de rapidement gérer l'herbe qui aime l'eau plus que la chaleur ». Que ce soit en chimique ou à l'intercep, Thomas Gautier conseille d'aller désherber le rang dès que possible.

L'urgence est moindre dans l'inter rang. « S'il continue à pleuvoir, cela peut même être bien de garder de l'herbe jusqu'en mai pour faciliter le passage des machines lors des premiers traitements. Les viticulteurs peuvent se contenter de tondre une première fois pour limiter le risque de dégâts de gel quand la vigne aura débourré. Même chose pour ceux qui veulent travailler les sols. Mieux vaut le faire maintenant pour éviter les remontées d'humidité quand la vigne sera sensible. » Le risque de gel est aujourd'hui quasi nul, les dépressions venant d'Atlantique ne transportant pas d'air très froid.