ini les heures passées à poser des bougies dans les vignes pour réchauffer l’air. À la place, Claude Gros, patron de Viti-Chauffe, propose son Ventilo Booster, un appareil composé de huit brûleurs disposés en cercle et surmontés d’un ventilateur soufflant la chaleur qu’ils émettent vers le sol. « Cette machine est non polluante. Elle est alimentée par des pellets de bois. Le ventilateur tourne sur lui-même à 360°. On protège ainsi 1,5 ha en réchauffant l’air », affirme Claude Gros, qui ajoute qu’il en a déjà vendu en Bourgogne et en Champagne.
« Des vignerons qui s’en sont équipés m’ont fait de bons retours », confie Basile Pauthier, expert de la lutte contre le gel au Comité Champagne. À ce jour, ce dispositif, vendu 24 000 € HT, n’a pas fait l’objet de tests indépendants. Une lacune que Basile Pauthier devrait combler cette année.
Fog Dragon est une autre chaudière à biomasse, mais mobile, alors que le Ventilo Booster s’installe à poste fixe. « Notre machine consume du bois, du foin ou de la paille humide. On l’attelle à un tracteur et elle émet de la fumée sur 20 m de chaque côté. On gagne ainsi 2 à 3 °C sur 5 à 6 ha, à condition de sillonner la parcelle de façon à retourner au point de départ toutes les vingt minutes », explique-t-on chez Vert Protect, distributeur de Fog Dragon qui annonce un prix de 29 500 € HT.
Il y a quelques années, la chambre d’agriculture du Loir-et-Cher avait testé cette chaudière mobile, mais pas en conditions gélives. « Le passage de Fog Dragon a permis un gain de 4 °C perceptible à 2 m pendant vingt minutes. À 12 m, le gain a été de 2 °C. À 26 m, il n’y avait plus aucun gain de température par rapport au témoin », relatait une des conseillères viticoles de la chambre, peu convaincue de l’intérêt de la machine.
« Il est très difficile d’obtenir une protection avec la fumée d’un feu de paille ou de bois. Une brise peut très vite l’emporter », commente Basile Pauthier.
Basée dans le Bordelais, la société Michael Paetzold mise, elle, sur un canon à air chaud pulsé. Elle a ainsi lancé en 2023 une nouvelle version de son R-Can 1.8, avec une sortie d’air plus grande, afin de viser une protection jusqu’à 5-6 ha. Ce canon s’attelle à un tracteur à poste fixe et marche au fioul (60 l/h) ou au biocarburant. « Il ne produit pas de fumée noire », ajoute l’entreprise.
À notre connaissance, ce canon n’a pas été testé par des techniciens indépendants. « Il marche au fioul. Or nous ne souhaitons pas travailler sur des équipements utilisant des énergies fossiles, indique Basile Pauthier. Mais s’il peut fonctionner à l’éthanol, pourquoi pas le tester. Son principe physique, souffler de l’air chaud, semble intéressant. » Avis au fabricant !
Ils sont nés en 2022 de l’ingéniosité de deux vignerons tourangeaux, Jean-Baptiste Bonnigal et Stéphane Bodet, associés au sein du domaine Bonnigal-Bodet à Limeray, en Touraine. « Les rocket-stoves sont des poêles à granulés de bois qui chauffent à 800 °C, vingt minutes après allumage. Grâce à la double combustion, le rendement est très bon, les granulés se consument totalement et les fumées sont brûlées », décrit Stéphane Bodet. À Montlouis et à Amboise, des vignerons les utilisent pour réchauffer l’air brassé par leurs éoliennes. « En 2022, nous avons eu jusqu’à - 4 °C. Avec les rocket-stoves, nous avons pu remonter la température entre -1 et 0 °C. Nous n’avons pas eu de dégâts. » Ces braseros sont fabriqués par des chaudronniers locaux selon les plans des deux vignerons.