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"Il faut raisonner le désherbage de la vigne comme la protection phyto"
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Interview
"Il faut raisonner le désherbage de la vigne comme la protection phyto"

Étamines, réseau d’expérimentation du groupe Actura, a mené de 2018 à 2023 une quinzaine d’essais afin d’évaluer les meilleures stratégies de désherbage combinatoire, qui associe désherbage chimique et mécanique des rangs de vigne. Coordinateur du réseau, Richard Marchand revient sur les grands enseignements tirés de cette étude.
Par Clément L’Hôte Le 20 février 2025
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Richard Marchand, coordinateur du réseau d’expérimentation Étamines explique que le désherbage combinatoire n’est pas un simple mélange de chimique et de mécanique, mais une stratégie à part entière, avec ses clés de réussites. - crédit photo : DR
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ourquoi une étude de si grande ampleur sur le désherbage combinatoire ?

Richard Marchand : La demande a été formulée par nos négoces et coopératives adhérents, qui voulaient un support technique pour accompagner les viticulteurs dans leur entretien du sol dans un cadre de restrictions réglementaires. Le désherbage combinatoire, qui associe chimique et mécanique dans un même itinéraire, est relativement nouveau, et le manque de repères a pu donner lieu à des échecs. Dans cette étude, nous montrons que cette pratique n’est pas un simple mélange de chimique et de mécanique, mais une stratégie à part entière, avec ses clés de réussites.

Vos résultats, réservés à vos adhérents, présentent les meilleurs itinéraires technico-économiques en combinatoire. Pouvez-vous nous en dévoiler les grandes lignes ?

R.M. : Nous avons commencé par identifier les adventices les plus problématiques du vignoble : ray-grass, érigéron, géranium, chiendent. Pour chacune de ces adventices, nous proposons trois itinéraires composés de deux à trois interventions dans l’année. L’idée est de choisir parmi ces trois propositions en fonction des moyens de l’exploitation et de la parcelle concernée. La plupart de ces itinéraires commencent par un travail du sol à l’automne. La suite comprend en moyenne deux autres interventions, une chimique et une mécanique, ou deux chimiques. Par exemple, face à l’érigéron qui est une plante qui se développe toute l’année, le meilleur itinéraire détaillé dans notre étude consiste en un travail du sol à l’automne avant les froids, un second en prédébourrement – essentiel notamment en cas d’hiver doux et humide, propice aux levées échelonnées d’érigéron – puis, dans les huit jours qui suivent, une application de 40 à 65 g de flazasulfuron sous le rang.

Si vous raisonnez par adventice, comment procéder face à une flore variée ?

R.M. : Nos itinéraires fonctionnent aussi sur flores variées car les produits que nous conseillons ont plutôt des spectres larges. D’ailleurs, avoir une flore variée est plutôt bon signe. Cela signifie que les espèces problématiques n’ont pas pris le dessus, la situation sera donc plus facile à gérer. Il n’y a que dans les parcelles envahies de chiendent ou de ray-grass que nous proposons d’employer des antigraminées au spectre assez étroit.

Vos résultats ne se limitent pas à ces itinéraires : vous expliquez que les bonnes pratiques sont fondamentales, peut-être plus que l’itinéraire lui-même. De quoi parle-t-on ?

R.M. : La plus importante de toutes ces bonnes pratiques est l’anticipation : toujours intervenir sur adventices jeunes. C’est la clé de la réussite, en mécanique comme en chimique. Exemple : il faut passer le glyphosate sur plantules, nos résultats sont clairs sur ce point. En termes d’organisation, cela veut dire qu’il faut débuter le plus tôt possible, en général dès l’automne. On évite ainsi d’entrer dans un cercle vicieux. Or pour intervenir au bon moment, il faut disposer d’une vision globale de l’exploitation. Quelles sont mes parcelles à problème ? Comment les prioriser ? Quelles sont les parcelles difficiles d’accès, sans couverts ? Ces questions sont les bases d’une organisation optimale.

Mais comment faire pour intervenir sur plantules quand la pluie empêche d’entrer dans les parcelles ?

R.M. : En conditions exceptionnelles, on passe en travail mécanique dès que le sol est ressuyé, et dans les huit jours qui suivent, on applique un herbicide.

Quid des couverts végétaux ?

R.M. : C’est un levier complémentaire, surtout sur des parcelles très hydromorphes, avec des problèmes de portance. Mais il faut raisonner en fonction de l’objectif : si on vise plus de portance, on ne sème pas le même mélange que pour obtenir de la biomasse. Pour la portance, on s’oriente plutôt vers un couvert permanent. Encore une fois, la décision doit être prise parcelle par parcelle. Et il faut faire ce choix en amont, en saison N-1. Décider, au dernier moment, de retarder la destruction d’un couvert hivernal pour avoir de la portance en début de saison peut s’avérer dangereux, en termes de concurrence.

Vous évoquez aussi le réglage du matériel, en mécanique comme en chimique.

R.M. : En désherbage chimique, l’optimisation de la pulvérisation est essentielle, comme en protection phyto. Il faut adjuvanter ou acidifier la bouillie si nécessaire, ajuster la quantité d’eau… En mécanique, il est nécessaire d’adapter ses outils au type de sol. Exemple : sur sols à dominante argileuse, les outils rotatifs peuvent poser des problèmes de structure. Il faut aussi passer dans de bonnes conditions : un travail du sol effectué en conditions trop humides peut, par la suite, mettre en échec le programme herbicide.

Avez-vous chiffré le coût de ces itinéraires mixtes qui sont, forcément, plus chers qu’en 100 % chimique ?

R.M. : Vous abordez un point clé : un itinéraire combinatoire est certes plus coûteux à court terme, mais pas à moyen terme. C’est ce que nous allons marteler, désormais. Oui, un passage mécanique coûte cher. Mais quand on vient à bout de l’herbe dans une parcelle à problème, c’est autant de récolte sauvée. Nous avons chiffré à 40 % les pertes maximales liées à la concurrence des mauvaises herbes. Sans parler des éventuels déclassements liés à l’érigéron. Et plus on combine les techniques de désherbage, moins on a de pression de sélection. Le recours au travail préalable du sol peut redonner de l’efficacité aux programmes herbicides. Encore une fois, le raisonnement est le même qu’avec un produit phyto.

Faut-il faire une croix sur le 100 % chimique ?

R.M. : Le 100 % chimique peut encore fonctionner dans certaines situations. Mais techniquement, il faut réaliser un sans-faute : choix du produit, doses respectées, qualité de pulvérisation…

Quelles seraient les conséquences l’interdiction définitive de Pledge ?

R.M. : Dans ce cas, les solutions combinatoires gagneraient encore en importance. Je ne dis pas pour autant que les pouvoirs publics doivent continuer à supprimer des solutions.

Cinq années d’essais

Né en 2015, le groupement d’achat Actura fédère 139 négoces et coopératives d’agrofournitures. Cette fédération s’est rapidement dotée d’un réseau d’expérimentation qui rassemblant ses experts techniques, nommé Étamines, qui a mené l’expérimentation « Comment gérer les adventices difficiles dans les principaux bassins viticoles », de 2018 à 2023. Le résultat de ce travail a été synthétisé dans une plaquette qui explique comment lutter contre les adventices les plus problématiques en France, document réservé aux équipes technico-commerciales des entreprises du réseau Actura.

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Tous les commentaires (1)
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Benji Le 22 février 2025 à 22:27:45
Y sont fort ces techniciens ! Il faudrait que leur salaires soient liés aux rendements et aux gains de temps de travaux,de l'efficacité ,du bilan carbone et de l'argent économisé ! Malheureusement nous savons tous que l'explosion des coûts de tout ces paramètres est évidente !!Il Il est temps de parler finances pour que nos techniciens formatés écolos dénoncent toutes ces impasses qui contribuent aux pertes de rentabilités de nos productions ou les concurrents étrangers peuvent rivaliser sans problèmes! Il faut arrêter cette endoctrinement qui détruit nos métiers et nos emplois à force de surenchère écolos franco françaises !!!
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