J’ai vu des écarteurs chez mes voisins, et cela m’a plu. Et puis, c’est simple : je n’aime pas palisser !, plaisante Christopher Leblanc, viticulteur sur 10 ha à Tauxières-Mutry (51). Les écarteurs me permettent de gagner du temps. Je fais en cinq jours, ce que je faisais en trois semaines. Je peux davantage profiter des fenêtres de traitement sans penser aux délais de rentrée. »
Depuis 2015, Christopher Leblanc a équipé peu à peu toutes ses vignes d’écarteurs Ecatik de SCDC. Équipé d’un ressort, Ecatik se referme manuellement ou à l’aide d’une releveuse spécifique conçue par fabricant. Peu convaincu par cette machine, « parce qu’elle ne fermait pas bien les écarteurs », et qu’il a eu « un peu de casse de brins », Christopher Leblanc en est resté à la fermeture manuelle.
En avril, un salarié passe pour ouvrir les écarteurs et armer les ressorts qui aideront à les refermer par la suite. Les brins poussent entre les fils releveurs maintenus ouverts sur 30 cm de large par les écarteurs. « Lorsque la végétation a assez poussé, nous passons à dix personnes pour rentrer les brins qui dépassent, refermer les écarteurs et mettre une agrafe au milieu de la piquetée », explique le viticulteur.
Un fil de tête guide les rameaux, ainsi, le viticulteur est dispensé d’un deuxième relevage. « Il faut juste faire attention aux doigts lorsqu’on referme l’écarteur parce qu’il se referme très vite », prévient-il.
Le viticulteur a investi 5 000 €/ha environ pour équiper ses parcelles plantées à 1 m d’écartement. « Le marché est de plus en plus incertain. J’ai préféré équiper mes parcelles et réduire mes charges. Et si la machine à vendanger passe un jour dans mes rangs, il n’y aura pas de casse de crochets de palissage ! »
Contrairement à son confrère de Champagne, Quentin Rabillet, gérant de l’EARL de Bois Vert sur 50 ha à Val-d’Auge, en Charente, a opté pour des modèles standards de la même marque, sans ressort pour les refermer. C’est à la suite d’une discussion avec un technicien qu’il les essaie sur quelques rangs en 2015 puis qu’il en équipe une vingtaine d’hectares.
« Au début, on fermait les écarteurs lorsque la vigne avait poussé de 40 à 50 cm. Dorénavant, on les ferme dès 30 à 40 cm. » En effet, si Quentin Rabillet salue la canalisation des brins qui lui permet de passer les panneaux récupérateurs sans casse et les interceps sans avoir à se soucier des fils releveurs, il ne peut pas attendre autant qu’il voudrait pour refermer les écarteurs.
« Lorsque la végétation se fait trop lourde sur les fils, il faut de la force et ne pas être fragile des poignets pour relever la vigne », remarque-t-il. Depuis qu’il ferme les écarteurs plus tôt, Quentin Rabillet doit repasser dans ses vignes pour palisser les brins qui n’avaient pas assez poussé au premier passage. Même si ces écarteurs ne lui ont coûté que 350 €/ha pour ses vignes plantées à 3 m entre les rangs et s’il gagne du temps par rapport à un palissage en deux fois sans écarteurs, il se pose la question de revenir au relevage traditionnel en un passage en équipe… en oubliant l’option écarteur. « Avec la conjoncture, il faut savoir aller à l’économie », conclut-il.