Je te fournis une machine qui ferme les écarteurs et tu m’aides à l’améliorer. C’est le deal que nous avons eu avec Philippe Devitry en 2017 », résume Xavier Boucknooghe, ex-dirigeant d’Artiverde, désormais à la retraite. Puis il aura fallu quatre années de mise au point à ce fabricant d’écarteurs pour fil releveurs pour réaliser une machine simple d’utilisation et adaptable sur un enjambeur.
Aujourd’hui deux de ces palisseuses fonctionnent, dont une chez Philippe Devitry, viticulteur à Urville dans l’Aube que nous sommes allés voir le 18 juin. Les onze hectares qu’exploite ce vigneron sont tous équipés d’écarteurs Viticlip 320, qui maintiennent un écartement de 32 cm entre les deux releveurs lorsqu’ils sont ouverts. Quand il s’agit de les refermer, Philippe Devitry monte sa releveuse Artiverde à l’avant de son enjambeur.
Cette machine comprend quatre rouleaux en plastique de 60 cm de haut, deux par rang de vigne. Ces rouleaux tournent librement, entraînés uniquement par l’avancement du tracteur. Au fil des essais, ces rouleaux ont été allongés d’une quinzaine de centimètres pour atteindre leur taille définitive. « De cette façon, on a un meilleur résultat dans les dévers et dans les vignes où la pousse est irrégulière », précise Christophe Vaucouleur, salarié tractoriste et mécanicien du Champagne Devitry. Les rouleaux fonctionnent de manière indépendante, ce qui facile le travail sur les pointes. Ils sont réglables manuellement en hauteur et en écartement.
« On a voulu que la machine soit facile à régler selon la végétation, pour ne pas casser de brins, explique Philippe Devitry. Et de fait, les rouleaux n’en abiment pas ». Ce que nous avons pu constater le jour de notre visite. Et après le passage de la releveuse, tous les écarteurs étaient bien refermés. Pas un oubli !
En amont de relevage, les palisseurs sillonnent deux fois les vignes, de manière rapide, pour vérifier que tous les brins sont bien entre les fils releveurs. Ensuite la machine passe, ferme les écarteurs et écime. La machine avance à une vitesse de 5 km/heure sur deux rangs, soit 1 ha/heure. La pose des agrafes peut se faire quinze jours après.
« Ce système présente plusieurs avantages, décrit Philippe Devitry. Avec les écarteurs, la vigne reste ouverte et aérée plus longtemps qu’avec un relevage classique. Elle est plus réceptive aux traitements. Et avec la machine, on gagne beaucoup de temps. Sur les pinots noirs, qui représentent 70 % de mon encépagement, je suis passé de 100 heures/ha pour le relevage et le palissage à 40 h/ha. Pour le meunier, il faut compter 70 h/ha car ce cépage pousse un peu en buisson. Il faut plus de temps pour passer les branches entre les releveurs. Ce palissage est vraiment qualitatif. Et de toutes façons, avec le manque de main d’œuvre, le palissage comme on le faisait il y a vingt ans, c’est terminé ! ».
Christophe Vaucouleur est enchanté, lui aussi, de cette palisseuse. Lorsqu’on lui demande s’il y a des points à améliorer, il répond : aucun !
Pour l’instant, il n’existe que deux releveuses Artiverde. L’une chez Philippe Devitry à Urville dans l’Aube, l’autre chez Loïc Deneux, viticulteur et prestataire à Verzenay (Marne). Artiverde est en discussion avec un constructeur pour lui confier la fabrication de sa machine pour un coût qui n’est pas encore connu. Cette entreprise vend ses Viticlip entre 1,10 et 1,20 € pièce le lot de 3000. En Champagne où les vignes sont plantées entre 9000 et 10000 pieds par ha, il faut 2000 écarteurs par ha, soit 2300 € HT pour équiper 1 ha.