ui l’agriculture est en pleine transition écologique depuis plusieurs années. Comme le montre l’évolution des quantités de matières actives vendues à la distribution : 48 491 tonnes en 2023, soit une baisse de près de 60 % depuis 1999 et de 38,3 % depuis 2008, année de lancement du plan Ecophyto. Et 30 % des tonnages vendus sont des matières actives utilisables en bio. C’est ce qu’a rappelé Phytéis, l’organisation professionnelle qui fédère en France 18 entreprises représentant près de 90 % du marché de la protection des plantes, ce 13 février à l’occasion d’un point presse à Paris.
Cette transition écologique est basée sur une approche combinatoire reposant sur le développement de l’agronomie digitale, des biotechnologies et des biosolutions (bio, biocontrôle et biostimulant), à côté de la phytopharmacie. « Cette approche est essentielle pour garantir la souveraineté de l’agriculture et sa compétitivité. Mais cela passe par un cadre législatif adapté qui permette à l’innovation de s’exprimer (…) », a insisté Yves Piquet, le président de l’organisation. Cadre législatif qui doit donc évoluer sur plusieurs volets selon lui.
Face aux retraits qui se multiplient et qui conduisent de plus en plus à des impasses techniques, Yves Piquet a appelé les autorités « à regarder d’abord s’il y a des solutions de remplacement avant de supprimer un produit et s’il n’y en a pas de réfléchir à deux fois avant de le supprimer ». L’objectif étant de mettre fin aux distorsions de concurrence et que les agriculteurs et viticulteurs français disposent des mêmes solutions que leurs homologues européens.
Le président de Phytéis a salué la proposition de loi visant à lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur, notamment sur la proposition d’abrogation de la séparation de la vente et du conseil validée par le Sénat mais qui doit encore passer devant l’Assemblée nationale. « C’est un premier pas » a-t-il souligné. Si les députés votent également le texte, les distributeurs pourraient donc avoir à nouveau la possibilité de faire du conseil. Mais Phytéis demande à ce que ce soit également le cas pour les fabricants de produits car aujourd’hui le projet de loi ne le leur permet pas. « Beaucoup développent des OAD permettant d’utiliser les produits à bon escient. Si les agriculteurs ne peuvent pas bénéficier de ces conseils, c’est antinomique », a-t-il plaidé.
Yves Piquet a également salué la création du conseil d’orientation pour la protection des cultures qui vise à ce que l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) priorise l’examen des demandes d’Autorisation de Mise sur le Marché (AMM) pour les usages non pourvus ou orphelins. Et dans ce cadre Phytéis plaide pour que « la procédure d’instruction des dossiers soit fluidifiée tout en respectant le cadre européen de manière à ce que les innovations arrivent au plus vite sur le marché ».
Phytéis a également appelé à ce qu’au niveau européen, le processus réglementaire sur les Nouvelles Techniques Génomiques (NGT) reprenne pour qu’un texte clair, précis et applicable soit disponible rapidement. Là encore l’enjeu étant de ne pas créer de distorsion de concurrence avec le reste du monde.
Au niveau européen, Phytéis plaide également pour une évolution du règlement 1107/2009 qui établit les règles régissant l’autorisation de la vente, de l’utilisation et du contrôle des produits phytopharmaceutiques dans l’Union Européenne. « Nous souhaiterions qu’il soit plus adapté aux produits de biocontrôle et tienne compte de leur spécificité », a expliqué Philippe Michel, directeur réglementation et juridique chez Phytéis. Ce dernier estime également que ce serait une bonne chose que les documents guides évoluent plus rapidement pour tenir compte des nouvelles technologies qui arrivent sur le marché comme par exemple les buses qui réduisent la dérive de 90 à 95 %, les Outils d'Aide à la Décision (OAD) ou encore la pulvérisation par drone.