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Les bons réflexes en cas d’échec de plantations de vignes
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Conseils d'experts
Les bons réflexes en cas d’échec de plantations de vignes

Quand la reprise n’est pas au rendez-vous dans une jeune plantation, mieux vaut prendre les choses en main et identifier les causes. Des conseillers indépendants partagent leurs conseils dans cette démarche, afin d’éviter de reproduire des erreurs.
Par Clément L’Hôte Le 30 janvier 2025
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Les bons réflexes en cas d’échec de plantations de vignes
Pour éviter les échecs de plantation, l'une des choses à faire est de bien arroser les plants en cas d'année chaude - crédit photo : Philippe Roy
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. Surveillez vos plantiers

Selon Didier Viguier, responsable du service bois et plants de vigne à la chambre d’agriculture de l’Aude, « on devrait surveiller un plantier chaque semaine dès le débourrement. De cette manière, on peut non seulement détecter mais aussi rattraper certains accidents. Je pense notamment aux poches d’air dans le sol : repérées tôt, il suffit de repousser le talon de greffe dans le sol pour les refermer ».

Dans le reste des cas, la période des vendanges constitue le meilleur moment pour réaliser un diagnostic. D’après Olivier Yobrégat, responsable matériel végétal à l’IFV Sud-Ouest, « on voit alors les dégâts sur feuilles, sur bois, l’entretien du sol, l’hétérogénéité de la pousse… Plus tôt, certains symptômes ne sont pas encore visibles. Plus tard, en hiver, les greffes accidentées sont desséchées, et on ne peut plus mener de diagnostic précis ».

2. Sachez reconnaître un échec

« On considère une mortalité de 2 à 3 % comme normale », estime Olivier Yobrégat. Selon Ronan Jehanno, chef de département matériel végétal à la chambre d’agriculture de la Gironde, « on commence à parler d’accident ou d’échec de plantation au-delà de 5 % de mortalité. On peut calculer ce taux soit par échantillonnage, sur des rangs éloignés, soit en comptant tous les pieds morts, ce qui reste la meilleure méthode ».

Laurent Anginot, conseiller viticole de l’association technique viticole de Bourgogne (ATVB), ajoute qu’il faut faire preuve de patience et éviter les conclusions hâtives. « Certains porte-greffes, comme le 5C, donnent une pousse régulière. Avec d’autres, comme le 333EM, la pousse est plus irrégulière. » De même, « il faut garder en tête que le traitement à l’eau chaude peut entraîner un retard de débourrement… » Prendre le temps de l’observation, donc, en cas de retard de débourrement.

3. Débutez votre propre diagnostic…

L’échec est indéniable ? Reste à en identifier la cause. Certaines sont facilement détectables et ne nécessitent pas l’intervention d’un conseiller. « Des dégâts par taches indiquent un problème au niveau du sol, comme de l’asphyxie ou des poches d’air, assure Olivier Yobrégat. Une répartition éparpillée, ou bien un seul lot concerné, indique plutôt un problème de greffon. Si l’ensemble de la parcelle est concerné, on pense à la concurrence des adventices ou aux maladies. »

Au besoin, on affine le diagnostic en inspectant pied par pied. « Si une greffe remonte facilement quand on tire dessus, il y a probablement une poche d’air dans le sol, détaille l’expert. Si les feuilles sont entamées, on pense à un rongeur. Les décolorations associées à une excroissance au niveau de la soudure indiquent plutôt un problème de greffage. Dans ce cas, on vérifie en taillant le bois : si l’intérieur est vert kiwi, alors le plant était bon. »

4. … puis faites appel à un spécialiste

Si la cause n’est pas évidente, mieux vaut demander de l’aide. « Il ne faut pas hésiter à faire appel au pépiniériste : tous ont des techniciens qui savent diagnostiquer », conseille Didier Viguier. Autre solution : le recours à un conseiller indépendant. Dans ce cas, « mieux vaut mettre dans la boucle le pépiniériste et l’entrepreneur qui a effectué la plantation », recommande Laurent Anginot.

Sur place, ces spécialistes vont étudier la parcelle et les pieds problématiques, « en observant la soudure des points de greffe, les racines, le feuillage, les pousses, les bois… », précise Ronan Jehanno. En parallèle, ils vous demanderont quantité de renseignements : votre calendrier de traitement, comment vous avez préparé le sol, les résultats d’analyses de sols, etc. À l’aide de toutes ces informations, « il est rare qu’on ne trouve pas la cause », assure Laurent Anginot.

5. Dialoguez avec votre pépiniériste

Inutile pour autant d’entrer immédiatement en conflit avec votre pépiniériste. D’une part, car les problèmes sont rarement de leur fait. « D’après mon expérience, moins de 5 % des échecs viennent des plants », assure Ronan Jehanno. Didier Viguier confirme : « Plus de neuf fois sur dix, le problème vient du sol ou de l’itinéraire de plantation ». D’ailleurs, selon Laurent Anginot, « la qualité des plants va croissant car la filière a mis la pression sur les pépiniéristes ». D’autre part, lorsque le pépiniériste est en cause, les problèmes se règlent le plus souvent à l’amiable. « Classiquement, il change les plants », relate Laurent Anginot.

6. Dans les cas extrêmes, déposez un recours

Dans de rares cas, le recours en justice contre le pépiniériste, appuyé par l’intervention d’un expert, peut s’avérer justifié. « C’est qu’il y a un problème très grave, qui concerne presque toute la parcelle, insiste Didier Viguier. Dans les faits, je n’ai jamais vu ça. » Laurent Anginot abonde : « Il pourrait par exemple y avoir procédure en cas de forte expression de jaunisse. Je n’ai vu ça qu’une seule fois, il s’agissait d’une grosse sortie de bois noir. Les plants venaient de l’étranger ».

Il faut alors réaliser une expertise judiciaire. « Un expert se rendra sur votre exploitation. S’il estime qu’il n’a pas les compétences nécessaires, il sera accompagné d’un sachant, c’est-à-dire un technicien indépendant. » Dans ce cadre, vous devrez obligatoirement fournir des documents, « notamment le calendrier de traitement, qui sera comparé au bulletin de santé du végétal afin de déterminer si la protection phyto a été correctement menée ».

 

Les causes fréquentes

La cause d’échec la plus classique selon nos conseillers : une mauvaise préparation du terrain. « On voit souvent une semelle de lissage entre 30 et 60 cm de profondeur. On a alors un développement horizontal des racines », témoigne Laurent Anginot. Didier Viguier pointe aussi du doigt « les sols plantés l’année même de l’arrachage, qui sont encore colonisés par les racines de la vieille vigne ».Vient ensuite la concurrence des adventices. « Les plants ne le supportent pas, en particulier celle des chardons, des liserons et des bisannuelles », alerte Laurent Anginot. Les maladies, comme le mildiou, font aussi « partie des causes très fréquentes d’échecs de plantation », remarque Ronan Jehanno. De même que la plantation sur sols trop humides. « Elle entraîne des asphyxies racinaires », estime olivier Yobrégat. « Ou des poches d’air », ajoute Didier Viguier, « en particulier en cas de plantation mécanique ». Le stress hydrique arrive aussi en bonne place. « Il est aggravé les années chaudes, dans les parcelles où les greffes ont été plantées au sud ou à l’ouest des piquets, estime Ronan Jehanno. Il faut alors intégrer au calendrier l’arrosage régulier des plants. » Plus étonnant, mais tout aussi fréquent : les herbicides. « Il m’est arrivé d’avoir une dizaine de cas dans une même année, assure Didier Viguier. Le scénario classique, c’est d’utiliser la cuve de désherbage pour calquer [arroser les plants afin que la terre adhère aux racines, ndlr]. Même si elle a été bien rincée, elle peut présenter une toxicité énorme liée aux résidus. En particulier avec un herbicide puissant comme le flazasulfuron. »

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