ls sont quelques vignerons angevins à avoir eu l’idée en 2020 de tester l’efficacité d’un voile P 30 sur le(s) rang(s) pour les protéger du gel. Avec l’aide de l’ATV 49, ils ont expérimenté moult procédés artisanaux : tunnel totalement fermé ou partiellement ouvert lestés de tout part. Après une ou deux saisons de recul, deux conclusions se sont rapidement faites jour : “ça marche mais c’est pénible à poser”.
En premier lieu, pour la première de ces conclusions, selon les relevés de température de l’ATV 49, sur différents épisodes de gel, les écarts étaient en moyenne de l’ordre de 1,5°C entre le dessous et le rang à côté du voile. En 2021, les rangs couverts ont perdu 11 % de bourgeons contre 85 % sur le rang témoin voisin non protégé. Sur la période 2021-2024, les comptages font état de 7,3 % de dégâts sous le voile contre 68,5 % sur le rang témoin.
Reste le souci de la pose manuelle de ces voiles. Les vignerons engagés dans les essais, comme Emmanuel Ogereau à Saint-Lambert du Lattay, ou ses voisins du Domaine du Fief Noir, ont passé des dizaines d’heures à plusieurs pour tenter de couvrir l’équivalent d’un hectare. Techniciens et vignerons ont donc travaillé avec un industriel – la société Ektar, basée dans les Deux-Sèvres – pour mécaniser l’installation du voile. Une première machine a été présentée en décembre.
L’outil développé par la société spécialisée dans la protection agricole, s’installe à l’arrière d’un tracteur, comme n’importe quel autre appareil. Il déroule mécaniquement le voile au-dessus du rang. Un modèle existe avec deux bras également.
Deux personnes derrière le tracteur doivent suivre le déroulé et fixer le voile avec des pinces spéciales, qui se serrent grâce à une simple molette à tourner, sur le fil de palissage le plus élevé. Les voiles forment alors une sorte de toile de tente, type canadienne. Des élastiques sont reliés aux pinces placées sur le fil du dessus et au fil le plus bas du rang voisin. L’objectif est la résistance au vent, l’ennemi numéro 1 du voile et faire en sorte que la pluie ruisselle. En cas de coup de tempête annoncé, il est conseiller de défaire les élastiques et de boudiner le voile autour du fil du dessus. Au final, à trois personnes, on compte une journée de travail pour couvrir 3 ha.
La machine est vendue en deux morceaux : une dérouleuse et une enrouleuse. Une fois la saison de risque de gel terminée, il faut remiser les rouleaux de voile, qui peuvent durer de 3 à 5 ans. Le coût des de l’ensemble des équipements de la machine est de 6 000 € HT. Pour les voiles, comptez entre 15 et 25 centimes le m2 selon l’épaisseur pour des rouleaux de 250 m sur 2 m.