endez-vous traditionnel du début d’année, la note technique sur les résistances du mildiou, de l’oïdium, du black-rot et de la pourriture grise aux différents produits phytos utilisables sur vigne est sortie. En 2024, « pas de grandes évolutions sur les résistances mais une situation mildiou toujours préoccupante », résume Eric Chantelot, membre du comité de rédaction* et directeur du pôle Méditerranée du l’Institut français de la vigne et du vin (IFV).
La résistance spécifique du mildiou à l’amétoctradine (QioI) détectée en 2023 est en augmentation dans plusieurs vignobles est en augmentation, avec une fréquence plus élevée qu’ailleurs dans celui de l’Armagnac. Pour la gérer, les viticulteurs sont appelés à ne pas dépasser une application, de préférence en association avec un partenaire multisite en situation de risque élevé. Sans que cela n’ait pour l’instant d’impact sur l'efficacité de son mode d'action, les auteurs pointent également une progression de l’occurrence de la résistance à l’oxathiapiproline (OSBPI), notamment dans les Charentes, l’Armagnac et le Sud-Est. Ils recommandent une application maximum associée avec un partenaire efficace, à réaliser si la pression le permet en mosaïque spatiale à l’échelle d’un vignoble, « pour limiter les risques de pression de sélection sur un seul stade végétatif ». Les nouvelles sont meilleures concernant le zoxamide (benzamides), avec une seule population de mildiou résistance détectée en 2024, avec une fréquence faible.
Pour résumer, « à l’exception des substances multisites dont l’efficacité intrinsèque est suffisante (folpel, cuivre, dithianon), tous les modes d’action sont désormais concernés par la résistance à des degrés divers », alerte la note, recommandant dans les contextes de résistances les plus dégradés, « soit de ne pas utiliser les substances concernées par la résistance, en particulier quand les risques sont élevés, soit de les associer avec un partenaire efficace, notamment en situation de forte pression de mildiou ». Pour maintenir l’efficacité des substances actives encore autorisées, les viticulteurs doivent porter la plus grande attention à leur programmes de traitements, en tenant compte de la résistance connue sur le bassin de production, et en s’adaptant durant la campagne en fonction de l’évolution de la pression parasitaire.
Côté oïdium, pas de changements. La campagne 2024 est marquée par une stabilité de la résistance aux produits à base d'aryl-phényl-kétones (APK) et aux inhibiteurs de la succinate déshydrogénase (SDHI). La résistance aux SDHI étant caractérisée par une relative diversité de mutations affectant la cible de ces fongicides, les experts préconisent d’utiliser toute la palette de produits disponibles (boscalide, fluopyram, fluxapyroxade) afin d’éviter de « concentrer la sélection de la résistance vers une ou quelques mutations qui serai(en)t fortement dommageable(s) pour une substance active en particulier ».
Quant au black-rot, les données de surveillance sont toujours insuffisantes pour donner des recommandations spécifiques. Les auteurs de la note conseillent de choisir les substances actives en tenant compte des résistances sur mildiou et oïdium.
*Le comité de rédaction est composé d’experts de l’Institut français de la vigne et du vin (IFV), de l’unité Caractérisation et suivi des phénomènes d’évolution des résistances aux produits de protection des plantes de l’agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses-Casper), de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae), du Comité Interprofessionnel du Vin de Champagne (CIVC), de Chambres d’agriculture, de la direction générale de l’alimentation et de la sous-direction de la santé et de la protection des végétaux du Ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire.