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Comment baisser les coûts d'arrachage des vignes
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Témoignages
Comment baisser les coûts d'arrachage des vignes

La campagne d’arrachage liée aux primes bat désormais son plein, ce qui induit malgré tout certains coûts pour les viticulteurs. Avec un peu d’organisation, toutefois, il est possible de s’en sortir à moindres frais.
Par Colette Goinère Le 18 décembre 2024
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Comment baisser les coûts d'arrachage des vignes
La campagne d’arrachage liée aux primes bat son plein. - crédit photo : Jean-Bernard Nadeau
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Sainte-Terre, en Gironde, Nathalie Escaiche, à la tête de 18 ha en appellation Bordeaux, a arraché 1,2 ha en bénéficiant de la prime de 6 000 €/ha. « D’une part, cette parcelle est juste devant la propriété et à moins de 20 mètres de nos voisins, reconnaît-elle. D’autre part, nous devons diminuer nos surfaces, étant donné nos difficultés. » En février dernier, avec son ouvrier, elle se met à tailler cette parcelle puis à récupérer tous les piquets – 600 au total – et les fils de palissage. Soit trois jours de travail à eux deux.

Annonce sur le Leboncoin

Étape suivante : se débarrasser des souches. Sur Leboncoin.fr, elle repère l’annonce d’un viticulteur qui propose de couper les troncs et de les récupérer, ou alors les laisser sur place, pour moins de 100 euros l’heure. Elle opte pour la première solution. « La situation économique est telle qu’on essaie de faire au moindre coût, indique-t-elle. Ce viticulteur a coupé les 3 800 pieds de vigne. Mais comme il a été victime de son succès, il n’avait plus de place chez lui pour stocker les souches. Alors il m’a proposé la prestation gratuite, comme il s’y était engagé, mais à charge de revanche : je devrais lui rendre ce temps de travail. » Et pour se débarrasser des troncs, la viticultrice invite un jeune voisin à venir les ramasser, gratuitement.

Diviser les tâches

Reste les souches. En juin, Nathalie Escaiche fait appel à un prestataire pour venir les arracher. Un coût de 1 500 €/ha. Ensuite, que faire du tas de souches, 6 m3 au total ? C’est simple : les brûler. « Je me suis engagée auprès de la commune à polluer le moins possible, précise-t-elle. Nous les avons brûlées avec du vieux bois totalement sec, venant de meubles de mon arrière-grand-mère. »

À Sérignan, au sud de Béziers, Sophie Noguès, à la tête d’un vignoble de 22 ha va en arracher définitivement 4 ha, dont 3 ha rongés par des remontées salines et 1 ha de vieilles vignes. « Je vais essayer d’enlever les fils, les piquets – 700 par hectare – et les amarres sans faire appel à un prestataire. Mon frère et mon fils viendront me donner des coups de main. Je vais faire des économies. Ensuite, un prestataire viendra couper les troncs et arracher les souches. Je pense que je peux m’en sortir pour 800 €/ha. »

Elle aussi brûlera les souches. Quant aux troncs coupés, elle sait qu’elle peut compter sur ses voisins, trop contents d’en récupérer gratuitement pour alimenter leurs cheminées.

Le choix du prestataire

À Talairan, dans l’Aude, Ludovic Roux, à la tête de 48 ha va en arracher 21 ha, dont 8 ha définitivement et 13 ha qu’il replantera pour atteindre 40 ha. Histoire de retrouver de la rentabilité. Globalement, prévoit deux mois de travail à deux ouvriers pour enlever fils, amarres et piquets. Il fera appel à un prestataire uniquement pour arracher les souches (4 000 pied/ha) et les mettre en tas. Un coût de 400 €/ha. Et tout sera brûlé au champ. Ici, pas question de récupérer le moindre tronc.

Franck Vigouroux, lui aussi, entend minimiser les coûts. Ce coopérateur qui détient 47 ha à Bouchet, dans la Drôme, a fait début novembre une demande d’arrachage définitif pourtant sur 3 ha. « Ce sont de très vieilles vignes plantées à 3 000 pied/ha, la moitié en gobelet, l’autre moitié palissée, confie-t-il. Je n’ai pas de relève. Mes deux filles ne sont pas intéressées. Alors autant arracher. »

Début 2025, il va s’attaquer à cet arrachage. Fils, piquets, pieds de vigne, souches : un chantier qu’il compte effectuer pratiquement seul. « Pour que les ceps s’arrachent plus vite, afin de faciliter le travail, je les ai dévitalisés au glyphosate », rapporte-t-il. Un ouvrier l’aidera à ramasser les piquets. Une fois les fils coupés, Franck Vigouroux ne s’est pas encore décidé : soit il les emmènera chez un ferrailleur, soit il les cédera gratuitement à des gens du voyage qui passeront à la propriété. Ce n’est qu’une fois les souches coupées qu’il fera appel à un prestataire, afin de les mettre en tas et finir par les brûler, ce qu’il fera après avoir obtenu l’autorisation du Codis du département et lorsque le temps le permettra. Avec un peu vent, les fumées se dissiperont rapidement dans l’air. Sans gêne pour le voisinage.

 

« Il n’existe pas de filière de récupération »

Adrien Duvigneau-Lobre, dirigeant de DLP Presta Locations, prestataire de services à Vignonet, en Gironde explique : « Avec l’instauration des primes d’arrachage, les demandes d’arrachage ont bondi. En 2023, j’ai arraché 150 ha, essentiellement dans l’Entre-Deux-Mers. Début décembre de cette année, j’en suis à 140 ha de devis dont 60 ha signés, et toujours dans L’Entre-Deux-Mers. 85 % des viticulteurs laissent le soin au prestataire d’enlever les piquets, fils, les pieds et les souches. Globalement, c’est une prestation que nous facturons 1 500 €/ha. Je passe en moyenne 14 h/ha. Ces arrachages définitifs sont demandés par des viticulteurs, proches de la retraite, qui n’ont pas de repreneurs. Beaucoup de vignes sont certes vieilles, mais très bien tenues. Cela me fait quelque chose de les arracher. Et au final, je brûle les souches. C’est dommage qu’il n’y ait pas de vraie filière de récupération. »

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